Football : Chuck Blazer, « Monsieur 10% » et taupe du FBI à la Fifa, est mort

Ancien cadre dirigeant de la Fédération internationale de football (Fifa), surtout connu pour ses démêlés judiciaires et pour avoir accepté de collaborer avec le FBI pour éviter la prison, Chuck Blazer est décédé à l’âge de 72 ans.

Chuck Blazer (g.) et Jack Warner, en 2008 à Miami. © Wilfredo Lee/AP/SIPA

Chuck Blazer (g.) et Jack Warner, en 2008 à Miami. © Wilfredo Lee/AP/SIPA

Publié le 13 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

« Monsieur 10% ». C’était l’un des surnoms de Chuck Blazer. L’Américain, dont le décès, mercredi, a été annoncé ce jeudi par son avocat, a été à l’origine du « Fifagate » et l’un des symboles de la corruption gangrenant les milieux sportifs. Avant d’alimenter la chronique judiciaire, ses frasques s’étalaient dans les pages « people » des magazines : son Hummer titanesque au volant duquel il sillonnait New York, ses vols en jet privé aux quatre coins du monde et même, les deux appartements qu’il louait uniquement pour ses chats. Sauf que l’homme ne déclarera aucun revenu au fisc américain entre 2007 et 2010…

Reconnaissable à sa barbe fournie et à un certain embonpoint, Chuck Blazer n’avait, selon la légende, jamais tapé dans un ballon. Cela ne l’a cependant pas empêché de mener une grande carrière au plus haut niveau des instances dirigeantes du football, aux États-Uni, d’abord, puis à l’international. Une ascension qu’il doit en partie à son allié de toujours, Jack Warner, dont le nom a, lui aussi, résonné dans maints scandales mêlant football et dessous-de-table.

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Contraint de collaborer avec le FBI

Chuck Blazer a notamment été secrétaire général de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf) de 1990 à 2011. En 2007, il se hisse jusqu’au sein du Comité exécutif de la Fifa, qu’il ne quittera qu’en 2013. Mais en 2015, la Fifa le suspend à vie : Chuck Blazer venait de reconnaître publiquement avoir touché des pots-de-vin.

« Ses fautes pour lesquelles il a reconnu sa totale responsabilité ne doivent pas faire oublier l’impact positif qu’a eu Chuck sur le football international », a tenu à rappeler Me Eric Comgold, son avocat, dans le communiqué annonçant la mort de l’ancien dirigeant de la Fifa.

De fait, Chuck Blazer a bel et bien reconnu avoir participé – et largement profité – d’un système de corruption généralisé au sein de l’instance internationale. Il a même accepté, à partir de 2011, de servir de « taupe » au FBI, chargé de l’enquête sur les dessous obscurs du foot-business.

À l’origine du « Fifagate »

Un retournement qui devait moins à un repentir qu’à un intérêt bien compris : selon un audit de la Concacaf Chuck Blazer avait touché entre 1996 et 2011 pas moins de 20,6 millions de dollars, dont une bonne part par le biais d’activités illicites. Il encourait alors des peines cumulées équivalentes à un siècle de prison ferme… Il avait également reconnu avoir accepté, avec deux autres dirigeants de la FIFA, 10 millions de dollars pour attribuer le Mondial 2010 à l’Afrique du Sud.

Chuck éprouvait beaucoup de regrets et de tristesse pour ses actions passées

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Ayant accepté de se faire le sous-marin des enquêteurs américain pour éviter la prison, Chuck Blazer a notamment porté un micro caché pour enregistrer les autres membres du Comité exécutif de la Fifa. Les informations délivrées par Chuck Blazer ont permis à la justice américaine de monter le dossier du « Fifagate » portant sur des fraudes, du racket et du blanchiment d’argent au plus haut niveau de la Fifa pendant un quart de siècle.

Le coup de filet de mai 2015, lorsque le FBI avait obtenu l’arrestation et l’extradition de dizaines de cadres de la Fifa alors en plein congrès à Zurich, en Suisse, avait marqué le début spectaculaire de l’affaire. Un mois plus tard, l’indétrônable Sepp Blatter, président de l’instance depuis 1998, était contraint à la démission.

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« Chuck éprouvait beaucoup de regrets et de tristesse pour ses actions passées », a précisé son avocat dans le communiqué annonçant sa mort, assurant cependant qu’il avait « consacré l’essentiel de sa vie à faire du football un monde meilleur pour les joueurs et les supporteurs. »

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