Série TV : l’afrofuturisme de Nnedi Okorafor débarque sur HBO

Un roman afrofuturiste de l’écrivaine américano-nigériane Nnedi Okorafor va être adapté pour la fameuse chaîne câblée américaine.

Couverture du roman de Nnedi Okorafor « Qui a peur de la mort ? », paru aux Éditions Panini en 2013. © DR

Couverture du roman de Nnedi Okorafor « Qui a peur de la mort ? », paru aux Éditions Panini en 2013. © DR

KATIA TOURE_perso

Publié le 13 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Une série se déroulant dans une Afrique futuriste et diffusée par l’une des chaînes les plus emblématiques du câble américain ? Voilà qui pourrait devenir réalité. HBO, qui a notamment diffusé les séries cultes « The Wire » ou « Les Sopranos », a annoncé le lancement prochain d’une adaptation du roman afro-futuriste Qui a peur de la mort ? de l’écrivaine américano-nigériane Nnedi Okorafor.

George R. R. Martin, le créateur de la saga d’aventures Games Of Thrones, également diffusée sur HBO, sera l’un des producteurs exécutifs de ce programme. Qui a peur de la mort ? est un roman qui dépeint un royaume africain post-apocalyptique, Les Sept Rivières, où la société est divisée entre personnes à la peau claire, les Nuru, qui dominent le territoire, et celles à la carnation plus sombre, les Okeke. Ces derniers, créateurs et novateurs en matière de technologies, sont victimes d’exactions et réduits en esclavage par les Nuru. Aussi, dans ce royaume, la guerre civile fait rage. L’héroïne du roman, Onyesonwu (qui, en langue igbo, signifie « qui a peur de la mort »), est une métisse née d’une femme Okeke violée par un général Nuru.

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Couverture de la version originale parue en 2010 aux États-Unis (Éditions Daw Books). © DR

Couverture de la version originale parue en 2010 aux États-Unis (Éditions Daw Books). © DR

Entre science-fiction et fantastique

On suit ainsi le voyage de cette héroïne, rejetée par les deux peuples du royaume, parce que bâtarde et née « ewu » (enfant du viol). Au gré d’aventures mystiques et découvertes spirituelles, Onyesonwu, qui se révèle être dotée de pouvoirs magiques, se met en quête de son père et comprend que son destin est lié au devenir de son monde. C’est un article du Washington Post, daté de 2004 et consacré au conflit du Darfour où le viol fait office d’arme de guerre, qui a inspiré ce récit à Nnedi Okorafor, à mi-chemin entre science-fiction et fantastique.

Initialement publié outre-atlantique en 2010, le roman a été traduit et publié en France, en 2013, aux Éditions Panini. En octobre prochain, il sera réédité, toujours dans l’hexagone, aux Éditions ActuSF. L’ouvrage a remporté, aux États-Unis le World Fantasy du meilleur roman en 2011 ainsi que le prix français Imaginales du meilleur roman étranger, en 2014.

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Chef de file de l’afrofuturisme littéraire

Né dans l’Ohio de parents igbos nigérians, Nnedi Okorafor compte parmi les figures de proue de l’afrofuturisme littéraire. À travers ses romans, l’écrivaine de 43 ans, professeur associée en littérature et écriture créative à l’Université de Buffalo, dans l’état de New-York, interroge les questions de genre et de race à travers le prisme de la science-fiction. Elle y explore un continent africain dépeint comme un laboratoire d’innovations technologiques aux prises avec les traditions culturelles. C’est ce même ressort que l’on retrouve dans l’un de ses derniers succès, le court roman Binti, qui lui a valu, en 2015, le Nebula Award, l’une des plus grandes récompenses de la science-fiction anglophone.

L’univers sombre et violent qu’elle dessine semble tout à fait adéquat pour HBO

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Elle y raconte l’histoire de la première étudiante Himba (peuple bantou du Nord de la Namibie) à être admise dans une académie futuriste où elle doit composer avec tradition et modernisme. Mais Nnedy Okorofor s’attache aussi à transposer dans une Afrique du futur, les travers et maux actuels du continent qu’elle sillonne depuis son enfance. L’univers sombre et violent qu’elle dessine dans Qui a peur de la mort ? semble tout à fait adéquat pour HBO, qui a toujours privilégié les productions au contenu plutôt cru. Mais c’est aussi une grande première que de voir une œuvre afrofuturiste adaptée par cette chaîne culte.

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