L’argent des Africains : Joachim, chargé d’étude au Burkina Faso – 450 euros par mois
Né en Côte d’Ivoire, Joachim réside au Burkina Faso où il est chargé d’étude. Pour notre série d’articles intitulée l’argent des Africains, ce jeune père de famille a accepté de nous parler de son quotidien, de ses dépenses et de ses projets.
Au cœur des années 60, un jeune couple de Burkinabè part tenter sa chance en Côte d’Ivoire, à la recherche d’un emploi stable. Le voyage de cet homme et de cette femme les conduit dans les plantations ivoiriennes : là, il retroussent leurs manches et commencent à gagner leur vie en tant qu’agriculteurs. Quelques années plus tard, Joachim voit le jour dans le petit village de Binoufla.
Après une scolarité classique, il obtient son baccalauréat scientifique. Il choisit ensuite de suivre le chemin inverse de ses parents en s’installant à Ouagadougou pour poursuivre ses études supérieures. C’est aussi là qu’il s’installe avec son épouse, rencontrée en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, Joachim a 35 ans et est père d’un petit garçon qui vient à peine de souffler sa première bougie.
Salaire : 450 euros
Sociologue de formation et bardé d’un diplôme en statistiques, Joachim exerce le métier de chargé d’étude dans le domaine du développement. Lorsque des institutions telles que l’ONU, l’Unesco ou encore l’Union européenne souhaitent mettre en place des programmes de développement en Afrique, Joachim étudie le projet pour son entreprise afin que celle-ci soit choisie par l’institution en question pour réaliser le projet de développement. Dans cette entreprise où il travaille depuis deux ans, il s’occupe, entre autres, de répondre à des appels d’offre et d’évaluer des projets.
Son salaire s’élève à 300 000 F CFA, soit 450 euros. Et bien qu’il soit normalement soumis à des horaires fixes, il lui arrive de passer plus de temps que prévu sur son lieu de travail : « Nous devons travailler en prenant compte des urgences, explique-t-il. S’il y en a le weekend, je suis au bureau ».
Loyer : 38 euros
Au Burkina Faso, où le salaire minimum s’élève à une quarantaine d’euros, Joachim ne fait pas partie des plus à plaindre. Mais si ses revenus se situent au-dessus de la moyenne, le jeune homme a parfois du mal a faire face à ses responsabilités. Au-delà des dépenses pour son couple, il consacre une part importante de son budget au reste de sa famille.
Clarisse, son épouse depuis un peu plus de trois ans maintenant, étudie l’agronomie. Sa formation devrait prendre fin d’ici trois ans. Ils sont parents d’un petit garçon d’à peine plus d’un an. Ils peuvent compter sur la petite sœur de Clarisse, Élisabeth, 16 ans, qui vit sous le même toit, pour s’en occuper pendant la journée. Joachim doit donc assumer à lui seul la charge d’un foyer de quatre personnes. Mais ce n’est pas tout.
Si le père de Joachim est resté en Côte d’Ivoire, sa mère, elle, s’en est retournée vivre au Burkina en 2001 après plusieurs décennies de labeur en territoire ivoirien. Joachim nous en donne la raison : « Elle est retournée au village, elle y vit avec les quatre enfants de mon frère qui est en Côte d’Ivoire. Chaque mois je lui envoie 38 euros. Avec cet argent, elle peut acheter de la nourriture pour tout le monde ».
Le loyer de Joachim s’élève également à 38 euros, ce qui représente moins que ses frais de nourriture (45 euros). Il faut en plus compter le financement des études de Clarisse, dont il s’acquitte à hauteur de 76 euros, auquel s’ajoutent de petites dépenses régulières telles que l’internet, l’eau ou l’électricité. Malgré tout, il parvient à économiser 115 euros en moyenne chaque mois. Des économies qui lui permettent de rêver à de nouveaux projets.
Obsèques du grand-père de l’épouse de Joachim : 75 euros
« En Afrique, quand tu réussis à l’école, tout le reste de la famille se repose sur toi, et quand tu es seul à pouvoir assurer pour la famille, ce n’est pas facile », reconnait Joachim. Car en dehors de sa famille proche, il est aussi amené à aider sa « famille élargie », à savoir ses beaux-parents. Eux aussi ont migré en Côte d’Ivoire, dans la région de la Marahoué. C’est là que Joachim a rencontré leur fille, qui allait plus tard devenir sa femme. Dernièrement, le décès du grand-père de Clarisse a impliqué de nouvelles dépenses. Responsable, Joachim a participé aux frais d’obsèques à hauteur de 75 euros.
Mais son épargne est suffisamment importante pour faire face à ce type d’événement et en même temps se tourner vers l’avenir. Car des projets, Joachim n’en manque pas. Il lui tient tout particulièrement à cœur, notamment, de fonder son propre cabinet d’étude et ainsi devenir indépendant. « Cela nécessite des moyens financiers, matériels mais aussi un certain réseau dont je ne dispose pas actuellement. Mais c’est mon projet professionnel. » Par ailleurs, Joachim aimerait ouvrir un centre de formation agricole, où son épouse enseignerait. Dans combien d’années ? Il ne le sait pas encore. Mais pas question pour lui d’abandonner ces deux projets.
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