Congo-Brazza – Antoine Evoundou : « La désignation du chef de l’opposition est l’un des enjeux des législatives »

Enjeux des élections législatives dont le premier tour est organisé ce dimanche au Congo-Brazzaville, problématique de la gouvernance électorale, le seuil escompté de participation… Le préfet Antoine Evoundou, chef de la Direction générale des affaires électorales (DGEA), répond aux questions de Jeune Afrique.

Antoine Evoundou, responsable de la Direction générale des affaires électorales, le 14 juillet 2017 à Brazzaville. © Trésor Kibangula/J.A.

Antoine Evoundou, responsable de la Direction générale des affaires électorales, le 14 juillet 2017 à Brazzaville. © Trésor Kibangula/J.A.

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Publié le 16 juillet 2017 Lecture : 4 minutes.

Au Congo-Brazzaville, le vrai boss des élections, c’est Antoine Evoundou. Ce haut-fonctionnaire est à la tête de la Direction générale des affaires électorales (DGEA) depuis 10 ans. Mais « cela fait vingt ans que je suis dans le système électoral », s’empresse de préciser celui qui a dirigé la Direction générale de la sécurité extérieure entre 2005 et 2007.

À la veille des élections législatives et locales organisées ce dimanche 16 juillet, son téléphone n’arrête pas de sonner. Des coups de fil qui viennent de tous les départements du pays, surtout de la part des préfets qui lui soumettent les derniers couacs dans leurs circonscriptions. C’est la DGEA en effet qui s’occupe des opérations préélectorales : de la gestion du fichier et des candidatures à la distribution des cartes d’électeurs entre autres. Même si, pour la première fois cette année, elle a associé la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) dans cette « préparation matérielle » des législatives et locales. « Mais c’est la CNEI qui reste exclusivement compétente pour organiser les scrutins », rappelle Antoine Evoundou pour souligner le caractère « bicéphale » du système électoral congolais.

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Jeune Afrique : Quel est le principal enjeux de ces élections organisées une année après la réélection du président Denis Sassou Nguesso ?

Antoine Evoundou : Avec la nouvelle Constitution, le Congo-Brazzaville est passé d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. L’enjeu principal de ces élections législatives, c’est de permettre la mise en place d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale. De celle-ci seront issus le Premier ministre et son gouvernement qui seront nommés par le président de la République.

Il y a cependant un autre enjeu qui découle de ces législatives : le statut du chef de l’opposition. Celui-ci reviendra au groupe de l’opposition le plus important au sein de l’Assemblée nationale. C’est une première au Congo-Brazzaville. Ce chef de l’opposition pourra, entre autres, être consulté à diverses occasions. Porte-parole officiel de l’opposition, il sera aussi protégé par la loi et disposera de certains privilèges. C’est une façon pour la République de prendre en compte une partie de l’opinion qui ne s’est pas exprimée en faveur de la majorité.

Depuis 2011, il y a une transparence totale au niveau des bureaux de vote.

En termes de gouvernance électorale, quelles sont les mesures prises en amont et en aval pour garantir la transparence de ces élections ?

Depuis 2011, il y a une transparence totale au niveau des bureaux de vote. Leurs membres sont désignés de façon paritaire. Ils proviennent ainsi de la majorité, de l’opposition, du centre et de la société civile. Aussi faut-il souligner l’obligation légale de proclamer les résultats du bureau de vote séance tenante et après le dépouillement, d’afficher le procès-verbal signé dont un exemplaire est remis à chaque délégué des candidats. On ne peut pas être plus transparent ! Même les assesseurs dans les bureaux de vote sont désignés de façon paritaire.

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Ensuite, le système électoral voudrait que tous les résultats des bureaux de vote d’une circonscription remontent à la commission locale d’organisation des élections qui dépend de la CNEI. Cette commission locale est également paritaire. Auprès de cette structure, il est dépêché un représentant de la CNEI. Son rôle est de certifier les résultats.

On assiste à une désaffection réelle pour les élections.

Pourtant la plateforme Fédération de l’opposition qui ne participe pas à ces élections, continue de réclamer l’amélioration de la gouvernance électorale au Congo-Brazzaville. Comprenez-vous leur exigence ?

Qui connaît un seul pays africain où l’on ne conteste rien en matière électorale ? Partout, c’est pareil. Tous ceux qui critiquent le processus électoral au Congo-Brazzaville ne connaissent même pas le contenu de la loi électorale parce qu’ils ne l’ont jamais lue.

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Le taux de participation, n’est-ce pas un autre enjeu de ces législatives qui semblent ne pas intéresser les Congolais ?

Nous n’avons pas un seuil plancher de participation pour valider une élection. Toutefois, lorsqu’on se retrouve en deçà des 5 %, on peut logiquement se poser la question de la légitimité des élus.

Mais, en même temps, il ne faut pas non plus bercer dans une espèce d’angélisme. Aujourd’hui, on assiste à une désaffection réelle pour les élections dans la plupart des pays. Même si ce sont toujours les opposants qui reprennent ce désintérêt de la population à leur compte. Qu’à cela ne tienne, nous assumons le fait qu’il y a un grand désintérêt. Nous ne savons pas comment les gens vont se mobiliser. Surtout que c’est la première fois que les locales sont couplées aux législatives.

Dans tous les cas, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) demeure le grand favori de ces scrutins. Une surprise est-elle envisageable ?

On ne peut pas préjuger d’une élection. L’idéal pour le PCT serait d’avoir une majorité nette pour qu’il ne soit pas obligé de faire des petites combinaisons, d’aller voir à gauche et à droite pour la constituer. Il en est de même pour tous les autres partis, y compris l’UPADS [Union panafricaine pour la démocratie sociale, principal parti de l’opposition]. Ce dernier n’a aligné certes que 43 candidats [pour les 151 sièges à pourvoir], mais il peut y avoir une majorité de coalition. Il y a trop de candidats « indépendants », personne ne sait aujourd’hui comment ces derniers vont se positionner une fois élus.

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