Présidentielle au Rwanda : Paul Kagame donne le coup d’envoi de sa campagne

Comme Frank Habineza pour le Parti démocrate vert du Rwanda (RDGP) et l’indépendant Philippe Mpayimana, les deux autres candidats retenus par la commission électorale nationale (NEC), Paul Kagame a démarré le 14 juillet sa campagne officielle, avant le scrutin présidentiel du 4 août.

Paul Kagame, le 14 juillet 2017. © Olivier Caslin pour JA

Paul Kagame, le 14 juillet 2017. © Olivier Caslin pour JA

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Publié le 17 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Pour démarrer sa tournée, le chef de l’État rwandais et chairman du Front patriotique rwandais (FPR), en quête d’un troisième mandat de sept ans, a commencé sur ses terres, à Ruhango, dans le sud du pays. Une heure avant son arrivée, vendredi 14 juillet, ils étaient déjà plusieurs dizaines de milliers − de 7 à 77 ans et tous arborant les couleurs blanc, rouge et bleu du parti − à l’attendre derrière les barrières et un solide cordon policier, pendant que se produisent sur scène la fine fleur des artistes rwandais conviés pour donner le tempo à ce jour de fête.

La foule est chauffée à blanc et la température monte encore de quelques degrés quand arrive enfin, avec une vingtaine de minutes de retard, Paul Kagame dans sa chemisette blanche estampillée FPR. « Ce type est une rock star », s’exclame un membre éminent du FPR, pendant que la vedette du jour rejoint son fauteuil, après avoir fendu l’assistance à grandes enjambées. Entouré de son état-major, il reçoit les hommages des responsables locaux comme le veut la coutume.

Ce type est une rock star

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Le président de la fédération des entrepreneurs de la région fait courir un frisson parmi l’assistance en appelant le chef de l’État par son prénom. Lui préfère en rire, avant de monter d’une foulée souple sur l’estrade, entourée d’hommes en noir des unités anti-terroristes, doigt sur la gâchette. Tout sourire, Paul Kagame a l’air content de se retrouver devant ses troupes en extase, qui reprennent d’une seule voix les chants à sa gloire. Il profite du moment, avant d’imposer le silence pour démarrer son discours – en kinyarwanda d’un débit lent qui sait ménager ses effets.

Fort du référendum de décembre

Sans note, et après avoir remercié les 8 autres partis politiques qui soutiennent sa candidature, et qui « renforcent l’unité du pays », selon une feuille de route qu’il a lui-même défini, il rappelle le travail réalisé durant la dernière décennie et pourfend les tenants occidentaux d’une conception démocratique qui n’est pas la sienne. « Ils défendent une politique basée sur la confrontation qui n’est pas la bonne », affirme le candidat, qui se justifie derrière « un contexte rwandais unique que les autres ne peuvent pas comprendre ».

Je viens devant vous pour construire ce pays avec vous

Il affirme représenter le peuple quand les autres ne représentent qu’eux-mêmes. « Je viens devant vous pour construire ce pays avec vous », insiste-t-il, avant d’appeler ses supporters à « poursuivre le chemin, ensemble, pour aller vite et loin ». Lui s’inscrit dans la foulée du référendum de décembre qu’il a remporté haut la main avec plus de 98% des suffrages exprimés. « La démocratie est basée sur la volonté du peuple et dans le respect des minorités. Si vous avez conservé la même volonté que lors du référendum, alors le résultat est déjà connu », ose-t-il, devant son public qui scande à plusieurs reprises « C’est toi ».

Le temps de laisser retomber la pression, il termine son allocution d’une demie heure en souhaitant que les semaines à venir soient « une célébration », avant de regagner sa place en souhaitant « une bonne récolte » aux paysans des collines. La sienne promet d’être abondante.

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Une élection jouée d’avance ?

L’après-midi même, à Nyanza, un peu plus au Sud, près de 50 000 personnes sont venues l’acclamer, au rythme des tambours. Le lendemain, à Nyaruguru, à la frontière avec le Burundi, ils sont encore davantage. Et il y a fort à parier que l’engouement sera le même dans chacun des 30 districts que compte le pays et que Paul Kagame a prévu de visiter avant l’élection.

Il est important pour le pays d’aller à la rencontre de son Président

Alors pourquoi une telle débauche d’énergie et de moyens pour un résultat qui semble connu d’avance ? « Parce qu’il ne faut rien laisser au hasard et qu’il est important pour le pays d’aller à la rencontre de son Président », explique Wellars Gasamagera, l’un des principaux responsables du FPR. Si l’affluence et l’enthousiasme des premiers jours de campagne se confirme, les Rwandais devraient donc offrir un nouveau plébiscite à Paul Kagame.

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