Gaza – Hamas : Mohamed Deif, le « chat aux neuf vies »
En échappant au missile israélien qui le visait à Gaza, le chef militaire du Hamas a encore justifié son surnom. Sa famille a eu moins de chance.
Baraka ? Sixième sens ? Paranoïa salutaire ? Sorti de sa cache pour rejoindre sa famille à la faveur d’une énième trêve entre Israël et le Hamas, Mohamed Deif aurait une fois de plus échappé au missile israélien qui le ciblait, le 19 août. Chef des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du parti palestinien, il était en tête de la liste israélienne des dirigeants gazaouis à exécuter pour punir le Hamas de ne pas accepter un cessez-le-feu sans conditions.
Le 21 août, Mohamed Abou Shamalah, Raed Attar et Mohamed Barhoum, trois hauts responsables du Hamas, étaient éliminés lors d’un raid aérien de l’armée israélienne. Quant à Deif, malgré les certificats de décès délivrés par des responsables sécuritaires israéliens au média américain Fox News, il serait parvenu à échapper aux cinq bombes antibunkers qui ont emporté sa femme et deux de ses enfants.
"L’occupant paiera pour ses crimes et les habitants des zones proches de Gaza ne rentreront pas chez eux tant que Deif ne l’aura pas décidé", a déclaré le porte-parole du Hamas, laissant clairement entendre que le chef de guerre était encore de ce monde. Les représailles ne se sont pas fait attendre : les militants gazaouis ont fait pleuvoir un déluge de roquettes sur Israël, et les négociations pour un cessez-le-feu ont été interrompues au Caire.
Le dernier portrait date de 1980
À cinq reprises déjà, l’État hébreu avait cherché à éliminer Deif – sans succès. Il y a gagné le surnom de "chat aux neuf vies". Un félin insaisissable, d’une extrême discrétion médiatique, et dont le dernier portrait remonte aux années 1980. Et c’est d’ailleurs pour ses changements constants de résidence que Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, de son vrai nom, est devenu Deif, "l’hôte".
Mais pour les Israéliens, il est surtout "le fils de la mort", responsable d’attentats-suicides contre des civils, d’assassinats de soldats ou de tirs de roquettes depuis Gaza. Né en 1965 à Khan Younès, il dirige le syndicat islamique de l’université de Gaza où il étudie la biologie avant de rejoindre le Hamas lors de la première Intifada (1987-1993).
Capturé par Israël en 1989, il intègre à sa libération un an et demi plus tard les brigades al-Qassam, où il seconde Yahya Ayache, l’un de ses chefs. Quand ce dernier est tué en 1995 par l’explosion de son portable piégé par les services israéliens, Deif est promu "ingénieur des brigades". Il aurait alors participé à la conception des roquettes Qassam, les premiers engins palestiniens tirés sur Israël.
L’ennemi numéro un d’Israël
Arrêté puis relâché à plusieurs reprises dans les années 1990 par l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat, en conflit avec le Hamas, il joue un rôle de premier plan durant la seconde Intifada, qui éclate en 2000, avant de se hisser au sein des instances dirigeantes des brigades, aux côtés d’Ahmad Jaabari. À la mort de ce dernier, en 2012, lors de l’opération Pilier de défense, Deif prend les commandes et devient l’ennemi numéro un d’Israël.
À la fin de juillet cette année, dans un message envoyé à l’occasion de l’opération Bordure protectrice, il prévient que le Hamas n’acceptera aucune trêve tant qu’Israël maintiendra le blocus de Gaza. Cette intransigeance lui a-t-elle valu l’attaque du 19 août ? Nul ne le sait. Mais si "le chat" en a réchappé, les assassinats de sa femme et de ses enfants n’ont en revanche pu qu’attiser sa haine.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello