Côte d’Ivoire : Guillaume Soro demande pardon aux Ivoiriens et à Laurent Gbagbo

En vue d’une réconciliation nationale, l’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ex-chef de la rébellion Guillaume Soro a demandé jeudi « pardon aux Ivoiriens » et à l’ex-président Laurent Gbagbo.

Guillaume Soro à Abidjan en décembre 2010. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Guillaume Soro à Abidjan en décembre 2010. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Publié le 21 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

« Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire […] à ce peuple qui a tant souffert. Je demande pardon à mes aînés […] et même au président Laurent Gbagbo », a déclaré à l’AFP Guillaume Soro, à qui l’on prête des ambitions présidentielles.

« La division fait du tort à nous tous. Ne nous divisons pas la Côte d’Ivoire ! Travaillons à la paix ! Dans les jours suivants, je serai plus engagé pour le pardon et la réconciliation. Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde », a-t-il ajouté, citant aussi l’ancien président Henri Konan Bédié, un des principaux acteurs de la crise, et l’actuel président Alassane Ouattara.

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« Ne nous divisons pas ! »

« Ce dont la Côte d’ivoire a besoin, c’est de beaucoup plus de tolérance, de pardon, de réconciliation, de paix », a insisté Guillaume Soro. Premier ministre de 2011 à 2012, il a été le chef de la rébellion pendant la décennie de crise politico-militaire ivoirienne (entre 2002 et 2011), qui a fait des milliers de morts et scindé le pays en deux. Il est régulièrement accusé par ses détracteurs de « comploter » pour satisfaire ses ambitions présidentielles. « Ce sont des rumeurs, je n’en tiens pas compte », a-t-il assuré.

L’ancien président Laurent Gbagbo, âgé aujourd’hui de 72 ans, ainsi que Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à Laurent Gbagbo, sont accusés à la Cour pénale internationale (CPI) de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Les deux hommes ont plaidé non coupable.

 Personne n’a intérêt à jouer contre la stabilité de la Côte d’Ivoire

Les violences avaient fait plus de 3 000 morts en cinq mois entre décembre 2010 et avril 2011 dans les deux camps, lors de la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu internationalement vainqueur de l’élection présidentielle de 2010.

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« Personne n’a intérêt à jouer contre la stabilité de la Côte d’Ivoire […] Je tends la main. Je veux que tous les fils et filles du pays, nous puissions nous donner la main pour reconstruire l’unité et l’union. Ne nous divisons pas ! La division nous mènera droit à la catastrophe. Il faut sauver la Côte d’Ivoire ! Il faut bâtir la paix », a conclu Guillaume Soro.

Un contexte de mutineries

Ce discours intervient alors que la Côte d’Ivoire est secouée par des mutineries dans l’armée depuis le début de l’année. Celles-ci ont considérablement fragilisé l’équipe gouvernementale et surtout le président Alassane Ouattara. L’épicentre de ces mutineries était Bouaké, ancienne capitale de la rébellion dans le nord et fief de Guillaume Soro.

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Le week-end dernier, trois soldats sont morts dans des tirs dans un camp militaire de Korhogo, grande ville du nord du pays. Et mercredi soir, de nouveaux incidents impliquant les forces de sécurité ont éclaté à Abidjan, faisant un mort, à 48 heures de l’ouverture des Jeux de la Francophonie dans la capitale économique ivoirienne, premier grand événement international organisé dans le pays depuis la fin de la crise.

Lors de la mutinerie de mai, les soldats révoltés à Bouaké avaient exhibé des armes provenant d’une cache située dans une maison présentée comme appartenant à Souleymane Kamagaté dit « Soul To Soul », chef du protocole du président de l’Assemblée nationale.

Ce dernier s’est gardé d’intervenir dans les mutineries, mais la présence d’anciens « ComZone » (chefs de régions rebelles) aux négociations sur la mutinerie a rappelé que ces ex-chefs rebelles étaient encore puissants.

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