Mariage au Maroc : quand la haute fait la noce
Ils font rarement la une des journaux, mais les mariages entre grandes familles sont une tradition bien établie dans le royaume. Une façon de perpétuer richesse, pouvoir et rang social.
Elle fait le tour de la salle sur un palanquin porté par des hommes en burnous qui slaloment au rythme de la musique. Elle, c’est Zhor Fassi-Fihri, fille d’Ali Fassi-Fihri, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, et de Yasmina Baddou, ancienne ministre de la Santé. Cette nuit, elle convole en justes noces avec Moulay Abdelaziz Elalamy, neveu de Moulay Hafid Elalamy, le patron du holding Saham…
C’était en mai, et ce mariage a scellé une nouvelle alliance entre deux des plus puissantes familles du Maroc : les Fassi-Fihri, cette dynastie au centre du pouvoir politique (Taïeb, le frère d’Ali, est le conseiller diplomatique du roi Mohammed VI), et les Elalamy, puissance financière à l’échelle du continent.
Même s’ils ne sont plus aussi omniprésents qu’avant, les mariages entre grandes familles restent une constante au Maroc. Le Tout Casa-Rabat a longtemps parlé de la fête organisée en 2008 par le magnat de l’immobilier Anas Sefrioui, quatrième fortune du pays, lorsqu’il a marié sa fille Kenza au fils d’Abdelhak Bennani, l’ancien patron de Wafabank (décédé en juin dernier).
Une noce somptueuse confiée au traiteur parisien Lenôtre et animée par la star de la chanson libanaise Nancy Ajram. La deuxième fille Sefrioui, Alia, s’est quant à elle mariée avec Ali Osman, fils d’Ahmed Osman, fondateur du Rassemblement national des indépendants (RNI).
En l’absence d’une vraie presse people au Maroc, ces mariages sont néanmoins très peu médiatisés. Peu de gens savent que tout récemment les youyous ont retenti chez Abdeslam Ahizoune, patron de Maroc Télécom, qui a marié sa fille, étudiante en management des entreprises, à un architecte de 30 ans fils de l’ancien ministre Ahmed Taoufik Hejira…
>> Lire aussi : Mariage de Moulay Rachid : comment l’union fait la force de la monarchie marocaine
Perpétuer le patrimoine, maintenir un rang social
L’aristocratie marocaine repose sur trois classes – savants religieux, commerçants et nobles de naissance – tirant leur pouvoir de la monarchie, qui s’est appuyée sur leur fidélité pour asseoir sa légitimité et continue d’encourager tout rapprochement entre elles.
Les mariages de la nouvelle génération, s’ils peuvent être fondés sur des sentiments sincères, recyclent donc les traditions ancestrales et répondent à des préoccupations moins platoniques : perpétuer le patrimoine, ajouter au pouvoir de l’argent celui de la politique, maintenir un rang social… Aujourd’hui, ces alliances se sont modernisées. Les enfants ayant fait de grandes écoles, ils vivent comme les jeunes de leur temps. Mais le pouvoir de leurs familles, qu’ils refaçonnent à leur manière, a encore de beaux jours devant lui.
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