Algérie – Maroc : vingt ans après, faut-il rouvrir la frontière commune ?
Vingt ans après sa fermeture, la frontière commune entre le Maroc et l’Algérie n’est toujours pas rouverte. Une situation préjudiciable pour les deux États qui se contentent, pour l’instant, de s’accuser mutuellement d’empêcher le retour à la normale. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Le statu quo dure depuis deux décennies. Entre le Maroc et l’Algérie, la frontière est restée fermée depuis 20 ans. D’un côté, des tranchées contre le trafic de carburant, de l’autre, une clôture pour se protéger du "terrorisme", sa réouverture n’a jamais été aussi lointaine.
L’Algérie dit attendre des "excuses" pour avoir été "accusée à tort" et entend dissocier de la relation bilatérale la question du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole annexée par le Maroc mais revendiquée par des indépendantistes (Polisario) avec le soutien d’Alger. C’est en effet en août 1994 qu’Alger avait décidé de fermer sa longue frontière (quelque 1 500 km) avec Rabat après un attentat à Marrakech, dont le royaume rendait responsables les services de renseignements algériens. Et Rabat rappelle toujours que la fermeture n’est pas de son fait et fustige une "mauvaise volonté" du voisin, dont le but serait de contrer coûte que coûte l’influence régionale du royaume.
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Dans ces conditions, les deux poids lourds du Maghreb – plus de 70 millions d’habitants – ne cessent de se renvoyer la balle, voire de s’invectiver. "Nous ne sommes pas responsables de la fermeture et nous ne ferons rien qui aille dans le sens d’une exacerbation de la tension", assure un diplomate algérien de haut rang. Pourtant, fin juillet, le roi Mohammed VI déplorait, de son côté, une "situation étrange" ayant atteint un seuil intolérable pour le "citoyen maghrébin".
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"Le luxe de bouder"
Outre les querelles sur le Sahara, la dernière controverse en date a tourné autour des trafics de drogues – saisies de cannabis marocain chez l’un contre psychotropes algériens chez l’autre. "La nécessité d’avoir un Maghreb intégré n’a jamais été aussi forte. Le comportement d’Alger et Rabat est totalement anachronique", fustige Khadija Mohsen-Finan, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
"La situation régionale est faite de problèmes socio-économiques, et d’insécurité. On ne peut plus se permettre le luxe de bouder", ajoute-t-elle, citant notamment les répercussions du conflit libyen et le risque de "circulation des armes". Car si la frontière algéro-marocaine est officiellement fermée, elle reste perméable aux trafics en tous genres, du fait de l’absence totale de coopération.
"On ne se parle pas, confirme une source ministérielle marocaine. Et lorsqu’on se croise dans des réunions, on fait de belles déclarations, on se tape dans le dos. Mais après 48 heures, c’est oublié."
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"Le plus grand gâchis reste économique"
La mésentente entre Alger et Rabat pèse aussi sur la lutte contre les réseaux d’immigration clandestine. "Impactée du fait de la forte pression à ses frontières sud, l’Union européenne semble inapte à favoriser un rapprochement. Mais le plus grand gâchis reste économique", juge l’expert marocain Najib Akesbi.
L’an dernier, diverses études ont relevé que le commerce entre les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA, créée en 1989 mais dont la mise en œuvre est au point mort) ne représentait que 3 % de leurs échanges globaux, ce qui en fait la région la moins intégrée au monde.
Quant à la Banque mondiale, elle a évalué à plusieurs milliards de dollars le coût annuel du "Non-Maghreb".
(Avec AFP)
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