RDC : la nomination de Olenghankoy à la tête du CNSA exacerbe les divisions de l’opposition
L’opposant Joseph Olenghankoy a été désigné samedi pour prendre la tête du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) de la Saint-Sylvestre, censé mettre un terme à la crise politique en République démocratique du Congo. Une nomination qui a fait bondir les membres du Rassemblement, la plateforme de l’opposition.
Pressenti comme favori aux côtés d’Eve Bazaiba et Vital Kamerhe, Joseph Olenghankoy a finalement été désigné président du CNSA lors d’une réunion organisée samedi 22 juillet sous l’égide des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il aura la lourde tâche de surveiller la mise en œuvre du compromis politique signé le 31 décembre 2016 ainsi que l’évolution du processus électoral dans le pays.
« Je prie Dieu qu’il me comble de toute la sagesse nécessaire pour que je conduise notre peuple vers le chemin de la paix, de la dignité et de la démocratie », a déclaré le chef du parti des Forces novatrices pour l’union et la solidarité. Sa nomination est jugée « illégitime » par Juvénal Munubo, député de l’Union pour la nation congolaise (UNC, le parti de Vital Kamerhe, signataire de l’accord de la Saint-Sylvestre et ne faisant pas partie du Rassemblement). Une position qui met en évidence les profondes dissensions régnant au sein de l’opposition congolaise.
Depuis le mois de mars, le torchon brûle entre le Rassemblement et la branche dissidente emmenée par Joseph Olenghankoy et Bruno Tshibala, le Premier ministre. En cause : le tandem Félix Tshisekedi – Pierre Numbi, à la tête du Rassemblement, direction contestée par le camp Olenghankoy.
Les « débauchés » de Kabila
Dans la foulée de la scission de l’opposition, Bruno Tshibala avait été nommé Premier ministre par le président Kabila le 7 avril. Une désignation jugée contraire à la lettre de l’accord du 31 décembre, qui prévoyait que le Premier ministre soit présenté par le Rassemblement. Depuis, la coalition estime que le pouvoir mène double jeu et tente de noyauter l’opposition.
« C’est une stratégie assez courante en RDC : contre des postes, le président Kabila traite avec les débauchés, qui ne respectent plus leur allégeance politique, afin d’affaiblir l’opposition, estime Juvénal Munubo. Il ne faut pas compter sur le CNSA pour s’assurer de la bonne tenue des élections. »
« Une énième violation »
« Vital Kamerhe n’a même pas été associé à la désignation du CNSA, alors qu’il était partie prenante des négociations qui ont abouti à l’accord de la Saint-Sylvestre, poursuit-il. Il a appris par son chauffeur qu’il avait été désigné vice-président, ce qu’il a refusé. »
De son côté, le président de l’UNC a estimé dans un communiqué que la désignation du président du CNSA est « une violation de l’accord de la Saint-Sylvestre, qui veut que (son bureau) soit mis en place par consensus entre les composantes ayant pris part au dialogue de la Cenco [la Conférence épiscopale nationale du Congo, NDLR] et non par les délégués des composantes au CNSA. Or tel n’a pas été le cas. Il y a une énième violation de l’accord du 31 décembre 2016, que l’UNC et son président national ne peuvent cautionner ».
La mise en place du bureau du CNSA en violation de l'accord et de la position de l'opposition signataire ne me concerne pas. pic.twitter.com/gjhiLixaZQ
— Vital Kamerhe (@VitalKamerhe1) July 22, 2017
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