Évariste Méambly : « Gbagbo et Blé Goudé sont des acteurs indispensables de la réconciliation »

Après avoir déposé à l’Assemblée nationale un projet de loi d’amnistie pour tous les acteurs de la crise postélectorale, Evariste Méambly, député indépendant et président du groupe parlementaire Agir pour le peuple, a rendu visite à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ce lundi à La Haye. Il explique sa démarque à Jeune Afrique.

Laurent Gbagbo, lors de l’audience du 19 juillet 2017 devant la Cour pénale internationale. © Capture d’écran de la vidéo diffusée par la CPI

Laurent Gbagbo, lors de l’audience du 19 juillet 2017 devant la Cour pénale internationale. © Capture d’écran de la vidéo diffusée par la CPI

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Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Le député Évaristre Méambly a rencontré les deux hommes à La Haye, ce lundi 24 juillet, quelques jours après une importante décision de la Cour pénale internationale concernant l’ancien président ivoirien. Mercredi 19 juillet, la Chambre d’appel de la CPI a en effet demandé un réexamen de la demande de liberté conditionnelle de Laurent Gbagbo. Aucune date pour cette nouvelle audience n’a été fixée, mais l’ancien président ivoirien devra rester en prison d’ici ce nouvel examen. Auteur d’un projet de loi d’amnistie pour tous les acteurs de la crise postélectorale qui vient d’être déposée devant l’Assemblée nationale, Évariste Méamby revient pour Jeune Afrique sur sa rencontre avec Gbagbo et Blé Goudé, et sur ses attentes, politiques et judiciaires.

Jeune Afrique : Vous revenez tout juste de La Haye où vous avez rencontré Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Quelles raisons ont motivé votre visite ? 

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Évariste Méambly : Nous voulions d’abord nous enquérir de leur situation en tant qu’Ivoiriens, savoir ce qu’ils vivent. Nous avons compris qu’ils sont aujourd’hui épris de paix, qu’ils n’ont aucune rancœur. Ils souhaitent simplement retrouver leur pays et œuvrer au processus de la réconciliation que le président Alassane Ouattara lui-même veut.  Nous leur avons présenté notre solution – une amnistie votée par l’Assemblée. Ils ont donné leur bénédiction et nous ont dit : « On veut que Ouattara et Henri Konan Bédié reconnaissent que nous souffrons et voulons voir la paix en Côte d’Ivoire. »  Le président Gbagbo et le ministre Blé Goudé sont des acteurs indispensables de la réconciliation.  Je remercie d’ailleurs Abdoudramane Sangaré de m’avoir permis de les rencontrer.

On a vu quelqu’un de serein

Comment vont-ils ?

Charles Blé Goudé nous a d’abord reçu pendant trois heures avec son humour, ses proverbes, sa détermination de démontrer que sa situation est difficile et qu’il n’est pas à sa place. Le président Gbagbo nous a ensuite rejoint. Il a pris un peu d’embonpoint.

A-t-il évoqué sa possible libération ?

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Non, il n’a pas fait de commentaire. Nous avons seulement parlé de notre projet d’amnistie, qui est une arme avant le juridique. En tout cas, on a vu quelqu’un de serein.

Comment votre proposition d’amnistie peut-elle concilier la procédure en cours à la Cour pénale internationale ?

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La procédure suit son cours. Elle peut aussi être annihilée par jeu politique.

Il y a des gens d’opinion qui sont en prison

Que contient précisément votre proposition de loi ?

Il y a un déficit autour de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Nous avons pris nos responsabilités et déposant une proposition de loi. Elle contient huit articles, mais je ne peux pas vous en communiquer l’intégralité. La primeur revient aux députés. Le groupe parlementaire que je préside s’est donné plusieurs objectifs : le retour des exilés politiques ; la libération de Laurent Gbagbo, de son épouse Simone et de Charles Blé Goudé ; l’annulation d’éventuelles poursuites judiciaires contre tout autre acteur de la crise post-électorale quel que soit son bord ; et l’indemnisation des victimes de la crise.

Nous avons pour objectif de faire en sorte que les Ivoiriens, dans toute la Côte d’Ivoire, puissent avoir la paix et la réconciliation. Nous espérons que cette proposition de loi sera bientôt étudiée et amendée par les députés pour qu’elle serve au mieux nos concitoyens.

Vous parlez de « prisonniers politiques ». C’est un terme qui fait débat en Côte d’Ivoire. Le gouvernement estime de son côté qu’il n’y a pas de prisonnier politique…

Nous savons tous qu’il y a eu une bataille pendant la crise post-électorale. Il y eu des enquêtes, des gens interpellés, d’autres mis en prison. Comment les appelez-vous ? Prisonniers politiques ou d’opinion ? En tout cas, il y a des gens d’opinion qui sont en prison.

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