En Afrique, la qualité des politiques publiques recule selon la Banque mondiale
La Banque mondiale vient de publier un rapport dans lequel elle constate que pour 38 des 54 pays du continent, la qualité des politiques et des institutions nationales a reculé. Or ce rapport sert de base à l’allocation des prêts et dons aux pays africains les plus pauvres.
C’est un rapport qui est à la gouvernance ce que le doing business est pour le climat des affaires, publié annuellement par la Société financière internationale (IFC), filiale du groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé. Intitulé Évaluation des politiques et des institutions nationales en Afrique (CPIA), la dernière mouture du rapport décrit un état des lieux préoccupant de la gestion économique, des politiques structurelles et d’inclusion sociale ainsi que du secteur public dans certains pays du continent.
« En effet, même si certains pays continuent d’afficher de bons résultats comme le Rwanda, le Sénégal ou encore le Kenya, il est indéniable que la situation tend à se détériorer, ce qui indique que les réformes des politiques et des institutions sont trop lentes » indique le document.
En tête du classement également réalisé par la Banque mondiale, le Rwanda qui a mis en place un comité dédié aux réformes et aux politiques publiques renforçant la qualité de ses institutions se voit attribuer la note de 4 sur 6. Il est talonné par le Sénégal et le Kenya, qui récoltent chacun 3, 8.
La Centrafrique, le Burundi et la RDC reculent
Reconnaissant que la qualité des politiques et des institutions s’est renforcée dans certains pays, l’institution regrette toutefois que le nombre de pays ayant vu leur note globale se détériorer soit de plus en plus important.
Avec une diminution de 0,3 point, le Mozambique et le Soudan du Sud enregistrent la plus grande baisse de leurs notes globales CPIA. La baisse de 0,2 point de la note du Zimbabwe − qui annule la hausse de 0,2 point enregistrée par le pays en 2015 − est due en partie au manque de prudence fiscale du pays et au financement du déficit budgétaire par la banque centrale.
Parmi les pays ayant connu un glissement moins marqué de la qualité de leurs politiques et institutions figurent le Bénin, le Burundi, la Centrafrique, le Tchad, le Cap Vert, la République démocratique du Congo (RDC), le Congo, le Ghana, le Niger, le Nigéria, la Sierra Leone et l’Ouganda, qui ont tous vu leur note reculer de 0, 1 point.
Du mieux en Côte d’Ivoire et au Cameroun
Quelques pays comme le Burkina (3,6 points) la Tanzanie (3, 7 points) ou encore le Togo (3 points) ont connu des améliorations tangibles dans un ou plusieurs domaines politiques de la CPIA, qui ne se sont pas traduites par une hausse de leur note d’ensemble respective.
Sept pays ayant connu une amélioration de la qualité des politiques et des institutions ont engrangé un gain modeste de 0,1 point. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, des Comores, du Cameroun, de la Guinée, de Madagascar, de la Mauritanie et du Soudan.
Les pays dont la qualité de la politique et des institutions a globalement souffert présentent un point commun, à savoir la dégradation de la gestion macroéconomique, due en partie au recul de la performance de la politique monétaire et de change, ainsi que de la politique budgétaire et d’endettement.
« Cette situation s’explique par la conjoncture défavorable qui exacerbe les faiblesses macroéconomique de certains pays », soulignent les auteurs du rapport. Dans cette catégorie, l’on retrouve le Nigeria, première économie du continent en proie à une récession économique, le Congo-Brazzaville, le Burundi, et le Zimbabwe.
Quels critères pour les aides ?
Ce rapport est décisif dans la clef de répartition des aides financières aux pays les plus pauvres. La CPIA mesure les capacités des États à asseoir des institutions et des politiques favorables au développement inclusif.
« Nous analysons la qualité des institutions en place pour mettre en oeuvre les réformes. Par exemple, si un pays qui veut combattre la corruption crée une agence indépendante dédiée à cela, c’est un signe de sérieux. En revanche, si cette agence ne dispose d’aucun pouvoir ou moyen, nous prenons cela comme un manque de volonté », explique l’économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale, Albert Zeufack.
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