Beyoncé, sa statue et une dépigmentation (encore) polémique

Jugée peu ressemblante, une statue de la chanteuse Beyoncé a été corrigée, dans un musée de New York. A quel point la couleur de peau de la sculpture était-elle le problème ?…

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

 © GLEZ

Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

En 2009, les garants du « black beautiful » à la française s’insurgeaient contre le film « L’Autre Dumas ». Quarteron dont l’épiderme était alimenté par 25% de sang négroïde, l’auteur des Trois Mousquetaires était interprété à l’écran par le pur caucasien Gérard Depardieu. Fin 2016, des internautes réagissaient à un cliché du magazine Paris Match sur lequel la nouvelle Miss France Alicia Aylies – Martiniquaise de Guyane – semblait arborer un teint plus clair que d’ordinaire. Au moment même où l’élection d’une reine de beauté « de couleur » faisait grincer certaines dents racistes, le photographe était accusé d’avoir abusé des logiciels de retouche d’image. Depuis quelques semaines, c’est le créateur d’une statue grandeur nature de Beyoncé qui est dénoncé, sur les réseaux sociaux, comme le présumé dépigmenteur de l’effigie de « Queen B ».

C’est au musée Madame Tussauds de New York qu’une représentation en cire de la chanteuse est d’abord exposée, avant d’être retirée, puis modifiée et re-dévoilée le 21 juillet dernier. Alors que des visiteurs indiquent ne pas avoir reconnu la star, dans la première version, des internautes soutiennent que l’ambiguïté viendrait de la peau trop blanche et de la chevelure trop claire. Tentant de détourner les suspicions de « whitewashing » (blanchiment), les exposants expliquent que les talentueux malaxeurs de cire n’avaient anticipé ni les installations lumineuses du musée ni les flashs des appareils photo…

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Filigrane suprémaciste ?

Dans cet échec artistique assumé des sculpteurs, faut-il lire un sous-texte raciste, un filigrane suprémaciste ou un message subliminal selon lequel le show-biz serait truffé d’africains Américains indésirables ? A l’inverse, ce genre de débats est-il trop systématiquement « dermocentré » ? En principe, à travers le port de gants d’une reine de beauté en visite chez des orphelins séropositifs, on devrait suspecter une perception erronée des modes de transmission du VIH. Est-on légitime à ignorer cette hypothèse et à privilégier un comportement raciste, simplement parce que la miss sud-africaine Demi-Leigh Nel-Peters est blanche et les enfants noirs ? Cette question est moins affligeante que son absence de réponse évidente…

Bien sûr, les architectes du mythe de Beyoncé ont tendu le bâton pour se faire battre

Bien sûr, les architectes du mythe de Beyoncé ont tendu le bâton pour se faire battre. Si le sculpteur hagiographe est soupçonné de racisme, c’est peut-être que la carrière de la compagne de Jay-Z est elle-même parsemée de suspicion de dépigmentation, ne serait-ce que numérique. Ceci dit, l’artiste pourra-t-elle satisfaire un jour ceux qui ne traquent, dans son œuvre, que les traces de revendication identitaire ? Il y a quelque mois, lorsque la chanteuse dévoilait l’album « Lemonade » et le clip « Sorry », les critiques soulignaient prioritairement la valorisation des racines africaines ; sauf les grognons qui voyaient dans les peintures tribales des danseuses une caricature du continent africain. Ce même continent dont Beyoncé devait fouler le sol, au cours de cette même tournée « Lemonade », jusqu’à ce que le concert d’Abidjan soit annulé

Faisons un rêve. Celui de ce jour où il suffira de dire : la représentation de cire de Queen B est simplement… ratée. Comme le buste de Cristiano Ronaldo, dévoilé fin mars à l’aéroport de Madère. Comme la statue de Melania Trump, inaugurée, la semaine dernière, à Madrid…

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