Tchad : Plus de 500 enseignants de la fonction publique radiés

Les enseignants révoqués de la fonction publique étaient rattachés au ministère tchadien de l’Éducation nationale. Ils seraient coupables «d’abandon de poste », selon un décret signé par le Premier ministre Albert Pahimi Padacké.

Une salle de classe à une dizaine de kilomètres au nord de N’Djaména (illustration). © Renaud Van der Meeren / JA

Une salle de classe à une dizaine de kilomètres au nord de N’Djaména (illustration). © Renaud Van der Meeren / JA

Publié le 27 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement tchadien poursuit sa politique de « nettoyage » de l’administration publique : 510 enseignants ont été radiés ce mardi des effectifs de la fonction publique, dont 60 étaient des contractuels. Le décret présidentiel – « par délégation » – a été signé par le Premier ministre Albert Pahimi Padacké. « Nous avons fait des contrôles, nous avons traité chaque enseignant au cas par cas, et nous avons constaté qu’ils avaient tous abandonné leur poste », affirme Laurent Dihoulné, secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale. Le décret précise qu’en plus de la révocation, les enseignants concernés ne pourront prétendre à aucun droit afférant à leurs anciennes fonctions.

Mais selon Moussa Mahamat Nasdarine, secrétaire général de la Confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST), tous n’ont pas abandonné leur poste : « Dans ce lot d’enseignants, il y en a qui ont demandé des disponibilités, d’autres des détachements. Il y en a même qui sont devenus députés. »

Les radiations nous permettent de faire des économies

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Si elles sont motivées par une raison disciplinaire, ces radiations ont également un effet budgétaire d’autant moins négligeable que le gouvernement tchadien est engagé dans une politique d’austérité. En cause : la crise économique que traverse le pays depuis deux ans, provoquée par la chute des cours du pétrole, dont le Tchad est largement dépendant.

« Il est vrai que les radiations nous permettent de faire des économies. Il y aura moins de salaires à verser donc on aura forcément plus d’argent. Cette économie nous permettra de faire face à d’autres charges. Aujourd’hui au ministère de l’éducation la masse salariale est très importante », reconnaît Laurent Dihoulné.

Politique d’austérité

Le gouvernement a engagé une vaste politique de rationalisation des effectifs de l’administration publique. Récemment, la présidence s’est par exemple engagée dans la lutte contre les faux diplômes et les agents fantômes dans la fonction publique. Plusieurs mesures ont été présentées, dont un recensement des agents de la fonction publique, qui doit permettre, selon le gouvernement, de dégraisser l’administration et mécaniquement de réduire les charges de l’État. L’Éducation nationale a été le premier ministère a être concerné.

Les mesures d’austérité se multiplient au Tchad. En mars dernier, le président tchadien Idriss Déby Itno a annoncé le report des législatives, en arguant, justement, d’un déficit dans le budget de l’État. Report qui a suscité la colère de l’opposition. Par ailleurs, les bourses des étudiants ou encore les indemnités des fonctionnaires, ont entre autres été suspendues.

Il faudrait surtout nommer des gens intègres au sein des ministères

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Un argument budgétaire qui, dans le cas de la radiation des enseignants, n’est pas acceptable, selon Moussa Mahamat Nasradine. Pour le syndicaliste, il faut faire des économies sans remettre en cause les services publics. « Pour le gouvernement, l’objectif est de faire des économies coûte-que-coûte. Radier plus de 500 enseignants ne va pas résoudre le problème. Il faudrait surtout nommer des gens intègres au sein des ministères, afin de trouver des solutions pour améliorer l’économie du pays », estime le syndicaliste.

« Il faudrait commencer par faire la chasse aux faux diplômes qui peuvent exister dans l’Éducation nationale, au lieu de radier des gens qui n’ont rien demandé », ajoute Moussa Mahamat Nasradine.

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