Tunisie : Bochra Belhaj Hmida, la voix des femmes au Parlement

L’élue, avocate et militante associative a porté haut et fort, dans et en dehors des murs de l’Assemblée, la loi sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Bochra Belhaj Hmida, en mars 2011 dans les locaux de  la Commission d’investigation sur les violations des droits de l’homme et les abus commis pendant l’ère Ben Ali © Ons Abid pour Jeune Afrique

Bochra Belhaj Hmida, en mars 2011 dans les locaux de la Commission d’investigation sur les violations des droits de l’homme et les abus commis pendant l’ère Ben Ali © Ons Abid pour Jeune Afrique

CRETOIS Jules

Publié le 28 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

Elle était là, un sourire immense traversant son visage, ce mercredi 26 juillet, dans l’hémicycle pour prendre la parole un peu avant le vote. Ce n’est pas « sa loi », mais Bochra Belhaj Hmida, députée du « Bloc national », constitué d’anciens de Nidaa Tounes comme elle, en est venue à incarner, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le fameux projet de loi 60/2016, sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Même ceux qui ne sont pas de son bord en conviennent facilement : « Elle a travaillé avec les membres de la Commission des droits et libertés, alors qu’elle n’y était pas tenue. Elle a assisté à toutes les discussions, formelles et informelles et nous lui devons aussi un peu ce vote à l’unanimité et sans abstention », nous dit Naoufel Jammali, élu d’Ennahda.

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Militantisme au long cours

À 62 ans, Bochra Belhaj Hmida ne s’en est pas tenu au rôle déjà prenant de cheville ouvrière. Elle a assuré les relations publiques de la loi. En témoigne, son passage sur la radio Shems FM, quelques jours avant le vote, pour asséner encore l’importance de lutter contre les violences faites aux femmes et le besoin de gagner les hommes à cette cause.

L’intérêt pour les droits des femmes – elle est membre de la Commission des affaires de la femme à l’Assemblée -, ne date pas d’hier pour Belhaj Hmida. L’élue, qui a fondé la section tunisienne d’Amnesty international, a été aussi  cofondatrice de la puissante Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), qu’elle a présidé de 1994 à 1998. Elle a longtemps porté une voix médiane mais ferme sur plusieurs questions, comme à l’époque de la campagne sécuritaire qui avait aussi visé les femmes portant le voile dans les années 1990. Elle affirmait alors que l’interdire comme l’imposer contrevenait aux libertés de base des femmes.

Elle remercie l’ATFD

En 2012, alors qu’elle sort tout juste de la mêlée qui a opposé libéraux et progressistes aux islamistes au sujet de la proposition faite par ces derniers d’inscrire dans la Constitution la notion de « complémentarité » des sexes plutôt que l’égalité, elle prend la défense en tant qu’avocate d’une femme qui a été violée par des agents de police. Elle n’hésite alors pas à pointer du doigt le parti conservateur Ennahda, alors au gouvernement, dont elle met en exergue la « responsabilité morale ». Elle quitte alors le parti où elle est engagée depuis la révolution, Ettakatol, pour rejoindre le navire Nidaa.

Son militantisme au long cours, notamment au sein de l’ATFD l’a aidé dans sa démarche : elle a milité en faveur de l’adoption de la loi tout du long, accompagnée par autant de noms importants du féminisme tunisien ; Nadia Chaabane, Monia Ben Jémia Sana Ben Achour… Le soir même du vote, elle n’oubliait d’ailleurs pas de féliciter l’ATFD sur son mur Facebook.

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