Bénin : Léhady Soglo suspendu pendant deux mois de ses fonctions de maire de Cotonou

Par courrier en date du 26 juillet, le préfet du département du Littoral, le sulfureux Modeste Toboula, a invité le maire de Cotonou, Léhady Soglo et ses adjoints à une séance d’audition sur « la situation de la mairie »…

Léhady Soglo, élu maire de Cotonou en juillet 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Léhady Soglo, élu maire de Cotonou en juillet 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Fiacre Vidjingninou

Publié le 28 juillet 2017 Lecture : 2 minutes.

La séance a effectivement démarré ce vendredi 28 juillet aux environs de 10h. Cette audition faisait suite à la saisine du préfet par un certain nombre d’élus municipaux qui dénoncent la gestion financière du maire.

Les rapports du maire et du préfet sont connus pour être tendus depuis plusieurs mois. Certains y voient la main du régime du président Talon qui, en un an, a déjà envoyé quatre missions d’audit dont les résultats ne sont pas connus du grand public. Léhady Soglo, destitué de la présidence de son parti (La Renaissance du Bénin) en juin par une partie de son camp politique – un contentieux encore devant la justice – fait également face à la fronde de conseillers municipaux de plus en plus déterminés à lui infliger un vote de défiance.

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Le préfet, autorité de tutelle

Aux termes de l’article 53 de la loi sur l’organisation des communes en République du Bénin, une majorité des 2/3 des conseillers est requise pour destituer le maire. Mais avant ce vote, une procédure de conciliation doit, selon un décret de juin 2005, être préalablement engagée par le préfet en tant qu’autorité de tutelle de la commune. Une suite d’autant plus probable que l’audition du jour était officiellement organisée dans un cadre institutionnel dénommé conseil départemental de concertation et de coordination.

C’est également cette structure dirigée par le préfet qui est habilitée, par la loi, à donner son avis sur les allégations de faute lourde qu’on pourrait soulever contre un maire, faute susceptible d’entraîner sa révocation, relevant des pouvoirs du chef de l’Etat, ou sa suspension, relevant de la compétence du ministre de la Décentralisation, ce qui s’est justement produit.

A la fin de l’audition, le préfet Toboula a fait un rapport au ministre Barnabé Dassigli qui a aussitôt signé le décret de suspension. « Je vous confirme que le maire de Cotonou, Léhady Soglo, est suspendu de ses fonctions pour une durée de deux mois », a ainsi déclaré modeste Toboula vers 16 heures locales.

Le camp du maire parle d’« acharnement »

Pour sa part, Léhady Soglo a proclamé son innocence et son camp parle d’acharnement. « Le pouvoir local est la cible d’un acharnement depuis plusieurs mois. L’absence de dialogue entre l’exécutif et les élus, ainsi que le non-respect des textes de la décentralisation, constituent des freins à la pleine expression de l’Etat de droit. Pourtant le pouvoir exécutif ne doit en aucun cas se substituer aux élus » avait déclaré Léhady Soglo en mars dernier, à l’occasion de l’ouverture de la première session ordinaire du conseil municipal de Cotonou.

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