France : le premier et unique centre de « déradicalisation » est fermé
Le premier et unique centre de « déradicalisation » en France – dit « de prévention, d’insertion et de citoyenneté » (CPIC) – a annoncé le ministère français de l’Intérieur, ce vendredi 28 juillet, sans préciser la date de cette fermeture. La structure n’accueillait plus aucun pensionnaire depuis février dernier.
Le gouvernement français a « décidé de mettre un terme à l’expérimentation conduite à Pontourny, sur la commune de Beaumont-en-Veron », a annoncé le ministère français de l’Intérieur ce vendredi 28 juillet 2017. Ce premier et unique centre de « déradicalisation » en France, en fonction depuis septembre 2016, va être fermé car « l’expérience ne s’est pas révélée concluante ». « Conçu pour accueillir 25 pensionnaires, sur la base du volontariat, le centre n’en a effectivement accueilli que neuf. Aucun de ces jeunes n’a suivi le programme jusqu’à son terme », détaille le communiqué du ministère. Depuis le 9 février 2017, le centre n’accueillait d’ailleurs plus aucun pensionnaire. Le constat est donc sans appel.
Une décision saluée par le Sénat
Le président (Les Républicains) de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas, se félicite de cette décision du gouvernement, qui correspond à une recommandation formulée par les sénatrices Esther Benbassa et Catherine Troendlé dans leur rapport d’information du 12 juillet 2017 intitulé « Les politiques de « déradicalisation » en France : changer de paradigme ».
Après avoir visité le CPIC, début février 2017, les deux sénatrices avaient en effet « dénoncé l’échec de ce programme, qui a suscité une vive inquiétude locale sans enregistrer aucun résultat notable », résume Philippe Bas, qui précise que le coût annuel de fonctionnement de ce centre est estimé à 2,5 millions d’euros. Le rapport concluait que la fermeture du CPIC était inéluctable.
Vers des parcours individualisés
Le président de la Comission des loi du Sénat préconise pour sa part de s’inspirer des expériences menées en Belgique, au Danemark et en Allemagne pour réorienter les politiques de « déradicalisation » en France. Ces expériences – qui s’appuient sur des prises en charge « individualisées et pluridisciplinaires » des personnes radicalisées – sont aussi présentées en exemple par les deux sénatrices dans leur rapport du 12 juillet dernier. Des recommendations que semble vouloir suivre le gouvernement français, le ministère de l’Intérieur soulignant « la possibilité d’ouvrir des structures de petite taille pour y accueillir des individus sous main de justice et y développer des solutions alternatives à l’incarcération ».
Une individualisation de la prise en charge que défend également Mourad Benchellali, ancien prisonnier français de Guantanamo qui a rejoint le think tank Action résilience lancé par le journaliste français et ancien otage en Syrie Nicolas Hénin. « Pour ma part, je ne crois pas qu’il y ait une technique qui permette de déradicaliser n’importe quel individu. L’idée c’est plutôt d’accompagner les personnes qui ont déjà d’elles-mêmes fait part d’une volonté de changement. Là, on peut intervenir, aider la personne à renouer avec le monde », explique-t-il dans une interview accordée à Jeune Afrique ce lundi 24 juillet. Au sein d’Action résilience, Mourad Benchellali devrait a priori s’occuper du volet d’aide à la réinsertion.
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