Violence dans les stades : la mort d’Ebossé couvre de « honte » les Algériens
De nombreux Algériens ont exprimé un sentiment de « honte » face au drame de la mort de l’attaquant camerounais Albert Ebossé. Le joueur a été tué samedi par un projectile lancé des tribunes après la défaite de son équipe à domicile en championnat.
L’indignation est totale en Algérie après la mort de l’attaquant camerounais Albert Ebossé, tué samedi par un projectile lancé des tribunes à la fin du match opposant la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), l’équipe d’Ebossé, à l’USM Alger.
Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, espère des "sanctions exemplaires" tandis que le président de la Ligue nationale Mahfoud Kerbadj, présent au match perdu 2-1 par l’équipe d’Ebossé, parle d’une "catastrophe pour le football national".
"Mes pensées vont à la famille et aux amis de ce jeune homme qui faisait paisiblement son travail et qui était parti poursuivre sa passion du football à l’étranger", affirme Issa Hayatou dans un communiqué.
De son côté, Mahfoud Kerbadj a rendu un vibrant hommage au jeune footballeur : "Un geste malheureux a coûté la vie à un jeune joueur qui a, en une saison, conquis le cœur des milliers d’Algériens. Il était talentueux, comme en témoigne son titre de meilleur buteur en 2013-2014. Il était aussi très apprécié par ses coéquipiers et ses adversaires d’un jour pour ses grandes qualités humaines".
Une indemnité de 100 000 dollars à la famille
Le club et la Fédération nationale ont décidé de verser une indemnité de 100 000 dollars à la famille d’Ebossé qui va continuer de percevoir le salaire de l’attaquant jusqu’à l’expiration prévue de son contrat.
"C’est une catastrophe, j’ai honte", résumait Driss, un quinquagénaire qui venait d’acheter ses journaux dans un kiosque algérois. Albert Ebossé avait rejoint la JSK en 2013, atteignant la finale la Coupe d’Algérie 2014 avant de terminer vice-champion avec, à la clé, le titre de meilleur buteur (17 buts).
"On a tué Ebossé", titraient les quotidiens sportifs Compétition et Le Buteur, le premier publiant une photo du jeune Canari sur un fond noir en signe de deuil. La presse généraliste n’avait pas eu le temps de faire écho à cette "catastrophe" survenue dans la soirée.
L’attaquant de 25 ans est décédé à la suite d’une pluie de projectiles tombés sur les joueurs du prestigieux club de la JSK, à l’instigation de supporteurs mécontents de la défaite face à l’USMA, un rival pour le titre national. Touché à la tête, Ebossé, auteur du but des Canaris, est décédé à l’hôpital de Tizi-Ouzou, voisin du stade. Un membre du staff technique kabyle a regretté que la colère des supporteurs ait retardé l’intervention des secours. "On est couverts de honte", a-t-il ajouté.
Pour le Huffington Post Maghreb, "la mort d’Albert Ebossé est une catastrophe infamante pour l’Algérie", écrit son directeur Ihsane El Kadi. De nombreux Algériens exprimaient aussi leur honte dans la rue et sur les réseaux sociaux. "Vous nous avez couverts de honte devant le monde entier, vous donnez de nous l’image de barbares", se révoltait Rahmouna Djerbal sur Facebook.
Un "crime"
Sur sa propre page Facebook, qui compte plus de 11 000 fans, Ebossé avait posté son dernier message samedi matin: "08H00, les choses sérieuses commencent". Dimanche en fin de matinée, la page était devenue inaccessible.
Le ministre des Sports Mohamed Tahmi a dénoncé un "crime". Le ministère de l’Intérieur a immédiatement demandé l’ouverture d’une enquête alors que la Ligue a ordonné la fermeture du stade Tizi Ouzou et convoqué une réunion d’urgence pour lundi. Le président de la Fédération Mohamed Raouraoua a exprimé "stupéfaction", "consternation" et "indignation" à la suite de cet "acte odieux" et souhaité que les auteurs de cet "acte innommable" soient "sévèrement punis".
La mort de l’attaquant camerounais dès la deuxième journée du Championnat ramène à une triste réalité les fans du football algérien qui a séduit au Mondial brésilien.
Les envahissements de terrain, les caillassages de joueurs, les affrontements entre supporteurs se répètent de manière rituelle dans un pays où les stades servent d’exutoire à la colère des jeunes. "À contre-emploi des effets du Mondial-2014, la réalité locale démonte le stand en paillette de l’équipe nationale", observait encore Ihsane El Kadi.
(Avec AFP)
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