Sauvetage de migrants en Méditerranée : des ONG rejettent le « code de conduite » proposé par l’Italie

Cinq ONG internationales, dont Médecins sans frontières (MSF), engagées dans le secours des migrants au large de la Libye, ont refusé de signer un « code de conduite » après une ultime négociation avec le gouvernement italien lundi 31 juillet.

Des migrants soudanais à bord du Golfo Azzurro, le 21 juin 2017, après avoir été secourus par l’ONG Open Arms au large de la Libye. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Des migrants soudanais à bord du Golfo Azzurro, le 21 juin 2017, après avoir été secourus par l’ONG Open Arms au large de la Libye. © Emilio Morenatti/AP/SIPA

Publié le 1 août 2017 Lecture : 2 minutes.

« Les règles maritimes sont une chose centrale, nous n’avons pas de garanties suffisantes sur le port d’armes à bord de nos navires par des policiers italiens », a expliqué à l’AFP Tommaso Fabbri, chef de mission de MSF en Italie, à l’issue d’une réunion avec le gouvernement italien lundi 31 juillet sur l’adoption par les ONG de secours des migrants en mer d’un « code de conduite » en douze points. MSF n’a donc pas signé ledit code, à l’instar des ONG allemandes Jugend Rettet, un réseau de jeunes Européens qui ont acheté un bateau pour sauver des vies en Méditerranée, Sea-Watch et Sea-Eye, et de l’organisation française SOS Méditerranée, toutes d’initiatives privées, qui n’ont pas pris part à la réunion de lundi.

Le code de conduite vise notamment à interdire aux ONG de s’approcher des eaux libyennes et de communiquer avec les passeurs. Il exige aussi la présence d’un policier à bord des bateaux.

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Un code de conduite plébiscité par l’UE

Début juillet 2017, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne, réunis à Tallinn, avaient salué l’initiative italienne d’un code de conduite des ONG qui se lancent dans des missions de sauvetage, une activité qui doit être réalisée « dans un cadre de règles auxquelles il faudra adhérer », avait alors souligné la présidence estonienne.

« Nous sommes des médecins, pas des policiers », a insisté lundi Tommaso Fabbri de MSF, en se rangeant derrière le droit maritime international. Nous continuerons les opérations de secours sans rien changer, mais nous serons ouverts au contrôles ». « Nous ne signerions qu’à condition que les nouvelles règles rendent notre travail plus efficace et augmentent la sécurité de nos bénévoles », a pour sa part commenté un porte-parole de Jugend Rettet.

Trois ONG signent le code de conduite

Le ministère italien de l’Intérieur a expliqué dans un communiqué que seule l’adhésion au code de conduite permettrait aux ONG de faire partie d’un système institutionnel de sauvetage en mer. De fait, les non signataires en sont « écartés ».

Trois ONG, Save the children, l’ONG maltaise Migrant Offshore Aid Station (Moas) et le groupe espagnol Proactiva Open Arms, ont annoncé de leur côté leur adhésion. Dans un communiqué, le directeur général de Save the Children, Valerio Neri, a notamment souligné que sa décision de signer était guidée par « la volonté de garantir une continuité aux opérations » avec transparence.

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La présence des ONG encouragerait les passeurs

Depuis 2015, jusqu’à une douzaine de navires humanitaires privés patrouillent au large de la Libye. Selon les gardes-côtes italiens, ils ont réalisé 26% des opérations de secours en 2016 et 35% cette année, aux côtés de navires italiens, européens et commerciaux.

Profitant de leur présence au plus près des eaux libyennes, les passeurs ont commencé l’année dernière à envoyer des embarcations toujours plus fragiles et surchargées de migrants, sans fournir aux passagers d’eau, de carburant ou de téléphone satellitaire pour les appels de détresse.

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