Windhoek, pas gay-friendly mais presque
Une première gay pride vient de se tenir dans la capitale de Namibie. Mais tout n’est pas encore rose pour les homosexuels namibiens, ni même couleur arc-en-ciel…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 1 août 2017 Lecture : 2 minutes.
Afficher de façon ostentatoire ses attirances non-hétérosexuelles ou vivre sa sensibilité minoritaire dans la discrétion ? La question taraude particulièrement les gays africains, car il y a souvent décalage, sur le continent, entre les législations et les mentalités. Mais décalage à l’avantage de qui ? Ici, la sodomie est passible de la peine de mort, mais personne n’imagine la sentence prononcée, encore moins appliquée. Là, des lois anciennes semblent tolérantes, mais les discours récents de certains politiciens incitent à la haine.
Si le confort des amours non procréatives peut se trouver davantage dans l’ombre, il est parfois moins l’objectif que la fierté elle-même. Les militants africains des droits lesbiens, gays, bi et transgenres (LGBT) entendent donc instaurer et pérenniser les « gay prides » sur le continent. Les routards des marches de la fierté gay ont encore peu de dates à se mettre sous la semelle, si l’on en croit le calendrier de mygayprides.com.
Défilés et ostracisme
À Maurice, les récents défilés n’échappaient pas encore à l’ostracisme. Pour le reste de l’année 2017, c’est principalement à Cape Town et à Johannesburg que se déroulent des gay prides. Un autre pays d’Afrique australe tente pourtant d’allonger la liste : la Namibie qui vient d’organiser sa première marche des fiertés gays dans la capitale.
Ce samedi 29 juillet, c’est un rassemblement inédit qui battait le pavé de Windhoek, après quelques marches pilotes en province. Brandissant des drapeaux arc-en-ciel et des slogans d’unité, 150 personnes revendiquaient le droit à une meilleure protection légale pour les LGBT, sans aller jusqu’à demander le mariage. Là encore, la méfiance est de mise quant à l’appréciation du terreau de tolérance envers les formes de sexualité encore jugée « différentes ».
En 2000, le ministre Jerry Ekandjo déclarait que la police devait « éliminer » les homosexuels « de la face de la Namibie »
Primo, le pays du président Hage Geingob a la réputation d’être plutôt gay-friendly, à l’instar du Mozambique, de l’Afrique du Sud et du Cap-Vert et à l’inverse de l’Ouganda, du Nigeria ou de la Zambie. Secundo, pourtant, la loi interdisant la sodomie n’a toujours pas été abolie, depuis 1927, même si elle n’est plus appliquée depuis l’indépendance en 1990. Tertio, les discours des politiciens namibiens sont toujours truffés, depuis cette année 1990, d’opinions réactionnaires. En 2000, le ministre Jerry Ekandjo – toujours au gouvernement 17 ans plus tard – déclarait que la police devait « éliminer » les homosexuels « de la face de la Namibie ». Et quand les corps habillés ne font pas de zèle, ce sont les civils qui violentent les gays trop affichés. En 2011, Wendelinus Hamutenya était élu « Mister Gay Namibie ». Deux semaines plus tard, il était agressé.
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