« Je vais vous tuer » : quand un policier pointe son fusil d’assaut sur des manifestants à Ferguson
Après le meurtre de Michael Brown le 9 août dernier, la ville de Ferguson, dans la banlieue de Saint-Louis, s’est transformée en poudrière. Des manifestants en colère. Une police à cran, le doigt sur la gâchette. Tout semble réuni pour un nouveau drame.
La vidéo peut paraître tragi-comique. Elle est pourtant la triste illustration d’une situation explosive à Ferguson qui a connu mercredi soir une nouvelle nuit de manifestations malgré une accalmie relative. S’achemine-t-on vers un nouveau drame, deux semaines après le meurtre de Michael Brown, et trois jours après celui de Kajieme Powell, dont la vidéo choquante a fait le tour des réseaux sociaux.
Les images diffusées sur Youtube font en tout cas froid dans le dos. On y voit un policier, Ray Albers, 46 ans, originaire de Saint Ann, dans le Missouri, pointer son arme sur les manifestants de Ferguson. Visiblement stressé, presque dépassé par la situation, il crie : "Je vais vous tuer", le doigt sur la gâchette.
Membre des forces de l’ordre depuis 20 ans, cet agent est considéré comme un policier aguerri. Sans excuser son comportement, son chef a notamment expliqué qu’il avait reçu des bouteilles d’urine. Il a également, selon ses dires, aperçu des individus suspects dont l’un a pointé une arme sur lui.
Version difficilement vérifiable. Toujours est-il qu’il aura fallu l’intervention d’autres policiers pour faire baisser son arme à Ray Albers, visiblement excédé. Au passage, celui-ci aura gagné un surnom qui fait fureur sur la Toile : "Go F*** Yourself", expression par laquelle il a répondu à la foule qui lui demandait son nom. Il a été suspendu pour une durée indéterminée par sa hiérarchie.
"C’est frustrant, parce que nous avons dit à nos agents qu’il y aurait beaucoup de gens qui essaieraient de les provoquer", a déclaré Aaron Jimenez, chef de la police de Saint Ann. "Vous devez être professionnel et Albers ne l’a pas été", a-t-il ajouté, expliquant que le stress et la peur pouvaient amener à cette situation. "La plupart des manifestants sont vraiment de bonnes personnes, mais il y a un petit pourcentage de gens qui sont là-bas pour que les manifestations tournent mal", a conclu Aaron Jimenez.
>> Pour aller plus loin :
– États-Unis : tensions raciales et scènes de guerre… la banlieue de Saint-Louis s’embrase
– Meurtre de Michael Brown : Barack Obama est-il le seul à pouvoir ramener l’ordre à Ferguson ?
– Meurtre de Michael Brown : le policier soutenu par le Ku Klux Klan ?
– Ferguson : la vidéo accablante du meurtre d’un jeune noir de 25 ans par la police
D’autres observateurs ne sont pas aussi compréhensifs. Arthur Rizen, ancien officier de police et professeur de droit associé à l’Université de West Virginia s’est ainsi exprimé dans une émission du Huffington Post. "Il tient un fusil d’assaut," a-t-il rappelé. "Cette arme est conçue pour engager le combat avec l’ennemi à une portée de plus de 300 yards, c’est une arme militaire", explique-t-il. "’Il n’y a aucune raison pour lui de pointer l’arme à une aussi courte portée, sauf pour avoir l’air plus menaçant et intimider les gens", ajoute-t-il. Avant d’émettre une hypothèse dérangeante : "Ou peut-être qu’il avait vraiment prévu d’ouvrir le feu"…
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Par Mathieu OLIVIER
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