Présidentes africaines : c’est déjà fini ?
Catherine Samba-Panza presque oubliée, Joyce Banda visée par un mandat d’arrêt, Ellen Johnson Sirleaf dans les cartons : que restera-t-il demain des présidentes africaines ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 août 2017 Lecture : 3 minutes.
Si les féministes américain(e)s ont échoué à installer une femme dans le bureau ovale, après 44 mâles, l’Afrique souvent accusée de phallocratie s’enorgueillit d’avoir eu plusieurs femmes chefs d’État. Bien sûr, il y a celles qui n’ont été présidentes que pour des bribes de mandats intérimaires : Sylvie Kinigi au Burundi, Rose Rogombé au Gabon, Ruth Perry au Liberia, Monique Ohsan Bellepeau à Maurice ou encore Carmen Pereira, chef de l’État pendant… 2 jours en Guinée-Bissau. D’autres, par contre, ont bouclé des mandatures complètes et ont même été réélues. Hélas, il se pourrait qu’il n’y ait plus de « première magistrate » africaine d’ici l’année prochaine, à l’exception de Ameenah Gurib-Fakim élue à la tête de Maurice en juin 2015.
Pour les trois amazones dirigeantes les plus emblématiques du continent, l’heure est au bilan. Un peu plus d’un an après avoir laissé le pouvoir à Faustin-Archange Touadéra, Catherine Samba-Panza doit se dire que la République centrafricaine n’est pas dans un état bien meilleur qu’avant la transition qu’elle pilota de janvier 2014 à mars 2016. C’est peut-être pour se consoler qu’elle regarde ailleurs. Il y a quelques jours, elle conduisait, pour le compte de la Commission de l’Union africaine, une mission d’observation électorale au Sénégal.
Joyce Banda engluée dans un scandale de corruption
Le bilan de sa consœur Joyce Banda, présidente de la République du Malawi d’avril 2012 à mai 2014, sera-t-il entaché d’irrégularités ? Depuis quelques jours, l’ancienne dirigeante fait l’objet d’un mandat d’arrêt, suspectée « d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent » dans le cadre du « Cashgate », un vaste scandale de corruption. Sa domiciliation aux États-Unis, depuis son départ du pouvoir, doit-il être perçu comme un début d’aveu ? À l’inverse, faut-il voir dans l’accélération de la procédure judiciaire une fébrilité du régime actuel, au moment même où circule la rumeur d’une possible candidature de Banda à la présidentielle de 2019 ?
Ce n’est en revanche pas dans une ambiance de chaos que la troisième amazone s’apprête à quitter le pouvoir, son Prix Nobel de la Paix sous le bras. À la tête depuis une décennie d’un Liberia pourtant régulièrement ébranlé, Ellen Johnson Sirleaf fut la première femme africaine à accéder à un fauteuil présidentiel à l’issue d’un processus démocratique normal. C’est encore normalement qu’elle quittera ses fonctions, après les scrutins présidentiel et législatif du 10 octobre prochain.
Sur les 20 postulants à la succession de Sirleaf, une seule femme est en lice : l’ex-mannequin MacDella Cooper
D’ici là, elle entend donner un dernier coup de pouce présidentiel à la féminité politicienne. En début de semaine, lors d’une réunion sur la représentation des femmes aux fonctions électives, la dame de fer a annoncé qu’elle ferait activement campagne pour les candidates. C’est que seuls 15,9% des prétendants à l’Assemblée nationale sont du même sexe qu’Ellen Johnson Sirleaf. Sur les 20 postulants à sa succession, une seule femme est en lice : l’ex-mannequin MacDella Cooper.
Le choix de la présidente libérienne relèvera-t-il d’un comportement sexiste ? Pas sûr, puisqu’elle soutient par ailleurs la candidature masculine de Joseph Boakai. Peut-être parce que son vice-président est le mieux placé pour battre l’ancien footballeur et sénateur George Weah, le même qui titilla Sirleaf aux derniers scrutins. La campagne nous dira si l’actuel chef d’État est plus rancunier que sexiste…
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