Togo : l’opposition dans la rue pour réclamer une limitation du nombre de mandats présidentiels

Plusieurs milliers de partisans de l’opposition ont participé jeudi 3 août à une marche à Lomé pour exiger une réforme constitutionnelle limitant le nombre de mandats présidentiels et pour réclamer une modification du mode de scrutin.

Jean-Pierre Fabre, en février 2010. © Vincent Fournier/J.A.

Jean-Pierre Fabre, en février 2010. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 4 août 2017 Lecture : 3 minutes.

À l’appel de Combat pour l’alternance politique (Cap 2015, coalition de cinq partis de l’opposition), des manifestants ont défilé dans les rues de la capitale togolaise, jeudi 3 août, scandant des slogans hostiles au pouvoir en place.

Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition et président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire générale de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) et coordonnatrice de Cap 2015, marchaient en tête du cortège encadré par des forces de l’ordre.

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« Nous sommes sortis pour demander au régime en place de revenir sur ses pas et de faire les réformes comme les Togolais le souhaitent : une limitation de mandat présidentiel (deux mandats de cinq ans), un scrutin à deux tours pour les élections présidentielles et législatives », a déclaré à l’AFP Brigitte Adjamagbo-Johnson. « C’est un avertissement que nous donnons au régime en place à travers cette marche car nous n’allons pas nous arrêter », a-t-elle dit.

« Fatigués de ce régime »

Sur certaines pancartes et banderoles, on pouvait lire : « Ça suffit ! Nous voulons les réformes », « Barrons la route aux coups de force permanents du régime » ou encore « Fabre, un homme engagé ».

« Nous sommes fatigués de ce régime. Nous exigeons les réformes, avant les prochaines élections », a confié à l’AFP Cossi Podanvi, un manifestant au milieu de la foule. « Cette fois-ci, nous irons jusqu’au bout. Nous ne baisserons plus les bras », a renchéri Annie Adjando, vêtue d’un tee-shirt frappé de l’effigie de Jean-Pierre Fabre.

Dix ans de réclamations

L’opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution, modifiée en 2002, soit révisée, notamment afin d’y réintroduire une limitation des mandats (dix ans au plus). Elle exige également un mode de scrutin à deux tours, une recomposition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

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Un projet de loi prévoyant ces réformes a été déjà rejeté en juin 2014 par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir avec 62 sièges sur 91. De nouveaux débats autour de deux propositions de lois, introduites par l’opposition n’ont rien donné, opposition et pouvoir s’accusant réciproquement de bloquer le vote des textes.

Le 3 janvier 2017, le président Faure Gnassingbé a nommé les membres d’une commission créée en janvier 2015, chargée de proposer un texte de réformes institutionnelles et constitutionnelles. Mais aucune personnalité de l’opposition n’y figure. Boudée par cette dernière, la commission a entamé lundi 31 juillet des consultations à travers le pays, afin de recueillir des avis et suggestions de la population pour proposer des réformes qui « tiennent compte de l’histoire du pays et répondent aux aspirations du peuple togolais ».

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« Il y a aura des marches, jusqu’à ce que ce régime cède »

« Le régime en place fait toutes les gymnastiques pour enterrer les réformes prescrites par l’Accord politique global (APG) que nous avons signé ensemble pour instaurer la démocratie au Togo », a déclaré Jean-Pierre Fabre sur un podium devant ses partisans après la marche à Lomé. « Il y a aura des marches, jusqu’à ce que ce régime cède (…). Il faut que le peuple prenne ses responsabilités pour ramener ce régime au droit chemin », a-t-il martelé, sans, toutefois, avancer de date pour la prochaine manifestation.

L’APG a été signé par les acteurs politiques togolais et la société civile en août 2006, après un dialogue sous l’égide de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré.

Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père – qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans – à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée. Une succession émaillée de violences. Il a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

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