Ebolaphobie : l’Afrique mise au ban du monde ?

La psychose suscitée par le virus Ebola atteint parfois des records d’absurdité. Les raccourcis, les incompréhensions et les confusions alimentent l’inquiétude à l’étranger… qui peut rapidement se transformer en afrophobie, voire en racisme pur et simple.

L’affiche d’un restaurant en Corée du sud interdisant l’entrée aux Africains. © DR

L’affiche d’un restaurant en Corée du sud interdisant l’entrée aux Africains. © DR

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Publié le 21 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Les rumeurs concernant Ebola filent à toute vitesse et dépassent les frontières africaines. À l’étranger, certains n’ont visiblement pas compris que l’épidémie ne concernait que 4 pays sur les 54 du grand continent… faisant courir un autre risque, bien réel : celui d’ostraciser tous les Africains, sans exception. Tour d’horizon des décisions les plus irrationnelles prises par peur du virus.

  • Des Sud-Coréens refusent de trinquer avec les Africains

À Séoul en Corée du sud, des Africains ont été black-listés du JR Pub à cause de l’épidémie meurtrière. "Nous sommes désolés mais, en raison du virus Ebola, nous n’acceptons plus d’Africains au JR Pub pour le moment", pouvait-on lire sur la vitrine de ce restaurant pour expatriés. L’affiche, prise en photo par un client, n’a pas tardé à devenir virale sur les réseaux sociaux et à provoquer l’ire des internautes.

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Visiblement dépassé par l’ampleur de cette affaire, le propriétaire a présenté "ses plus plates excuses". " Je n’avais aucunement l’intention d’être raciste", a-t-il soutenu, qualifiant son attitude d’"horriblement inappropriée" et "follement égoïste". Faute avouée à moitié pardonnée ?

  • Les basketteurs américains interdits de dribbler au Sénégal
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Tout voyage au Sénégal est vivement déconseillé en raison d’Ebola. C’est en tout cas ce que croit l’équipe médicale en charge de la "team USA". L’équipe américaine de basket-ball a ainsi annulé son séjour à Dakar durant lequel les joueurs étaient censés inaugurer une clinique pour enfants avec leurs homologues sénégalais et se rendre sur l’île de Gorée dès le 27 août. "Nous ne voulons certainement pas faire courir le risque à qui que ce soit", a expliqué le manager de l’équipe Jerry Colangelo. Rappelons que le Sénégal, pays ouest-africain, n’est pas touché par l’épidémie d’Ebola. Mais les sportifs ne peuvent risquer d’être contaminés à moins de deux semaines du début de la Coupe du monde, qui débute le 30 août. "Nous nous engageons à nous rendre un jour au Sénégal", a toutefois assuré le manager. À moins qu’une nouvelle épidémie ne touche l’Afrique du sud, ou l’Algérie.

  • Les footballeurs sierra-léonais, "parias" sur le continent

Avant même de pouvoir jouer le match de sélection pour la coupe d’Afrique des nations (CAN), prévu le 2 août, la fédération de football des Seychelles a décidé de déclarer forfait contre les Leone Stars, les joueurs du Sierra Leone, pourtant non contaminés. Les "parias", visiblement en pleine forme, ont atteint la phase de poules grâce à une victoire au deuxième tour aller de qualification.

  •  Les touristes thaïlandais confondent Afrique de l’ouest et Afrique du sud
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Safaris et vacances dans des destinations africaines paradisiaques perdent en intérêt depuis que l’épidémie de fièvre Ebola touche le continent. Certains touristes mal informés – voire désinformés – craignent de poser le pied en Afrique. Une compagnie d’assurance thaïlandaise a décidé d’annuler un voyage à Cape Town, en Afrique du sud. La raison avancée ? "Ebola se trouve en Afrique." Un bon prétexte pour annuler un voyage destiné à récompenser les 1 500 salariés les plus méritants de l’entreprise. D’après le PDG du tour opérateur sud-africain ERM Tours, la plupart des annulations proviennent des touristes asiatiques, qui représentent 60% de sa clientèle.

  • En Écosse, un Africain lâché par le peloton

Quand on est africain, actuellement, mieux vaut ne pas être pris de vertige ou de fièvre. Moses Sesay, un coureur cycliste sierra-leonais, en a fait les frais au lendemain de la cérémonie d’ouverture des Jeux du Commonwealth à Glasgow, rapporte le site internet de France Info. Pendant quatre jours, le sportif a subi des tests pour savoir s’il avait été contaminé par le virus Ebola. Fausse alerte pourtant. Mais cet épisode a "terrorisé" le cycliste, notamment par l’extrême prudence – la paranoïa ? – des médecins cachés sous leurs combinaisons intégrales. Soulagé mais sans doute déstabilisé, il a fini en queue de peloton. Au moins aura-t-il vaincu une suspicion à bien des égards irrationnelle.

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Emeline Wuilbercq

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