Nigeria : des soldats exigent d’être mieux équipés avant de combattre Boko Haram
Quelque 70 soldats nigérians ont confirmé mercredi qu’ils arrêtaient de participer à des opérations militaires contre Boko Haram dans le nord-est du pays. Ils réclament d’être mieux équipés pour combattre le groupe islamiste.
"Nous avons juré de ne pas bouger d’un pouce jusqu’à ce que nos supérieurs nous fournissent les armes nécessaires pour affronter et déloger Boko Haram qui a de bien meilleures armes", a déclaré, le 20 août, un des mutins de l’armée nigériane sous couvert d’anonymat.
Les soldats avaient pourtant reçu l’ordre mardi de quitter leur caserne de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno (nord-est), épicentre de l’insurrection islamiste, pour se diriger vers la zone de Gwoza, tout près de la frontière camerounaise, occupée par les combattants de Boko Haram depuis deux semaines.
"Boko Haram nous tire comme des lapins parce qu’on ne nous donne pas les armes qu’il faut pour nous battre. Ça suffit !" a déclaré un autre soldat, également sous couvert d’anonymat. Il a également indiqué que le groupe de mutins s’être installé sur un terrain dans la banlieue de Maiduguri.
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"Nos soldats sont trop disciplinés et patriotes"
Contacté, le porte-parole des armées, Chris Olukolade, s’est refusé à confirmer cette mutinerie. "Nos soldats sont trop disciplinés et patriotes pour commettre un tel outrage", a-t-il déclaré, ajoutant toutefois qu’il ne pouvait qualifier aucune action de mutinerie avant qu’une enquête ait été menée et qu’une cour militaire se soit prononcée.
Certains experts indépendants et des responsables politiques comme le gouverneur de l’État de Borno, Kashim Shettima, ont déjà estimé que l’armement des militants de Boko Haram était supérieur à celui de l’armée.
Même son de cloche du côté des habitants des localités attaquées par les islamistes qui affirment que les combattants du groupe Boko Haram disposent de lance-roquettes, d’armes anti-char montées sur pick-up et parfois de véhicules de transport de troupes blindés. Par comparaison, les soldats de l’armée se retrouvent souvent à court de munitions pour leur fusils d’assaut Kalachnikov et manquent de moyens de communication élémentaires pour des opérations de combat dans le bush.
Boko Haram a "un meilleur armement"
Selon l’un des soldats mutins, le groupe a été révolté par le bilan meurtrier d’une opération pour reprendre la ville de Damboa, capturée par Boko Haram le mois dernier. "Nous avons repris Damboa mais au prix d’un coût élevé (en hommes) car l’ennemi avait un meilleur armement", a-t-il affirmé.
Le président nigérian Goodluck Jonathan, critiqué pour son incapacité à combattre les islamistes et à retrouver les quelque 200 lycéennes qu’ils ont enlevées en avril, a demandé l’accord du parlement pour souscrire un emprunt d’un milliard de dollars (750 millions d’euros) à l’étranger pour améliorer rapidement l’équipement de l’armée. Mais la session parlementaire s’est achevée avant que cette demande soit examinée.
Certains analystes ont noté que cette demande d’emprunt était une manière tacite de reconnaître que l’armée était dépassée par Boko Haram.
>> Voir notre carte interactive : Boko Haram, dix années de terreur
(Avec AFP)
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