Mort de Mgr Bala : les dénonciations frileuses de l’Église camerounaise
Faux assassinat, vrai suicide. Ou le contraire. Trois rapports d’autopsie jetés à la poubelle. Une enquête judiciaire discréditée. Des autorités politiques aphones. Un peuple catholique dont la foi obscurcit la raison… Mgr Jean-Marie Benoît Bala a été inhumé le 3 août à Bafia dans l’amertume et la colère.
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Georges Dougueli
Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.
Publié le 4 août 2017 Lecture : 1 minute.
Prononcée devant une foule de fidèles et des représentants de l’État qui regardaient leurs chaussures, l’homélie de l’officiant de la messe de requiem a repris la thèse de l’homicide largement partagée au sein du clergé. Les évêques soupçonnent des personnes « tapies dans l’ombre », de « faux frères », qui veulent détruire l’Église de l’intérieur, d’en être les auteurs.
Admettons. Mais pourquoi l’Église, si prompte à dénoncer l’homicide, a-t-elle déposé une plainte contre X ? Pourquoi les ecclésiastiques taisent-ils les noms de ces personnes qui « obstruent l’enquête » ? Au demeurant, qui donc a le pouvoir d’obstruer une enquête, si ce n’est le puissant chez qui évêques et prêtres célèbrent des messes privées arrosées au champagne à longueur d’année ? La force d’une homélie n’est-elle pas de nommer ? Qu’y a-t-il de courageux dans le choix de dénoncer des anonymes ? Disons les choses en face pour qu’enfin la peur du gendarme et la justice humaine mettent un terme à cette effroyable série d’assassinats de prêtres !
La force d’une homélie n’est-elle pas de nommer ? Qu’y a-t-il de courageux dans le choix de dénoncer des anonymes ?
Au bout du compte, la colère du clergé a des airs de revendication corporatiste, tant elle peu à voir avec l’indignation légitime qu’on attendrait de toute autorité morale, a fortiori dans une société qui descend en piqué dans les profondeurs de la pauvreté matérielle et mentale.
Le décès tragique de Mgr Bala est révoltant. Mais faut-il rappeler à ses collègues qu’entre juin et août, plus d’une centaine de Camerounais ont perdu la vie dans des accidents et autres naufrages aussi stupides que prévisibles, donc, révoltants ? « Aimez vos prêtres », exhortait l’homélie. Mais eux, les prêtres, sont-ils aimables ?
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