RDC : les autorités congolaises veulent restreindre l’usage des réseaux sociaux

L’autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo a prié lundi 7 août les opérateurs de téléphonie de prendre des mesures préventives face à l’usage selon elle abusif des réseaux sociaux en RDC. Une demande formulée la veille des deux journées « ville morte » organisées par l’opposition.

Les réseaux sociaux ont été au cœur du Printemps arabe. © Richard Drew/AP/SIPA

Les réseaux sociaux ont été au cœur du Printemps arabe. © Richard Drew/AP/SIPA

Publié le 8 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Facebook, Whatsapp, Instagram, Twitter, Google+, le réseau professionnel LinkedIn, le site de rencontres Badoo ainsi qu’une dizaine d’autres sont concernées par la demande de l’autorité de régulation (ARPTC) dans une lettre datée du 7 août, et adressée au directeur général d’Orange à Kinshasa. « En vue de prévenir les échanges abusifs des images via les réseaux sociaux entre abonnés à votre réseau, je vous prie de prendre dès réception de la présente, les mesures techniques préventives susceptibles de réduire au strict minimum la capacité de transmission des images », demande-t-elle plus précisément dans le document.

Cette lettre a été rédigée à la veille des deux journées « ville morte » organisées mardi et mercredi par l’opposition, qui demande la publication d’un calendrier électoral et le départ du président Joseph Kabila. Son auteur, le régulateur Oscar Manikunda Musata, n’y précise pas la durée des mesures restrictives demandées. « Vous recevrez, par la même voie, instruction de revenir à la normale dès que possible », conclut le courrier.

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« Cette mesure nous pénalise professionnellement »

Les responsables d’Orange n’ont pas encore officiellement réagi à cette demande, mais ce mardi 8 août, au matin, les partages de fichiers en ligne semblaient perturbés. Les abonnés se disent impactés dans leur travail quotidien. « Le débit de la connexion a sensiblement baissé », se plaint Patrick Abega basé à Goma. « Les sms et les appels passent facilement mais il est très difficile de télécharger des images et des vidéos. »

Ce blogueur, gestionnaire du projet Habari en RDC, trouve que la demande du régulateur adressée aux opérateurs est une violation des droits des Congolais. « Tout monde n’est pas manifestant ou opposant, une telle décision nous prive du droit de communiquer sur le plan professionnel et informationnel », s’insurge-il. Avant d’adresser des critiques à l’encontre des sociétés de télécommunications qui « se soumettent à cette mesure, contraignante pour leurs abonnés ».

Même son de cloche du côté de chez Steve Nkunzi, également basé à Goma, gérant d’une agence de presse et grand utilisateur de Whatsapp, Instagram et Twitter. « Cette décision nous pénalise dans nos communications professionnelles avec nos différents partenaires », déplore-t-il.

Kinshasa au ralenti

Ce mardi matin, à Kinshasa, l’activité tournait au ralenti dans la capitale. Les bus des transports publics étaient vides, selon un journaliste de l’AFP sur place, alors qu’ils sont bondés en temps ordinaires. La plupart des boutiques étaient fermées dans le quartier commercial de la commune de Limete, de même que les banques, selon cette même source.

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Lundi, des violences ont fait au moins douze morts par « balles perdues » à Kinshasa, d’après la police qui a accusé un mouvement politico-religieux hostile au président Joseph Kabila. Mercredi 09 août doit, lui aussi, être une journée « ville morte » à Kinshasa et dans le reste du pays.

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