Éthiopie : la vérité paie
Il est rare qu’un pays insiste sur ses faiblesses pour attirer les investisseurs étrangers. C’est pourtant la stratégie adoptée par les autorités éthiopiennes pour cette première émission d’obligations souveraines. Un choix risqué mais payant.
Il est rare qu’un pays insiste sur ses faiblesses pour attirer les investisseurs étrangers. C’est pourtant la stratégie adoptée par les autorités d’Addis-Abeba alors que l’État préparait sa première émission d’obligations souveraines sur les marchés internationaux afin de financer ses infrastructures.
Difficultés
Dans un document remis en novembre aux investisseurs, l’Éthiopie a énuméré les multiples difficultés auxquelles elle pourrait faire face dans les dix prochaines années – durée de l’emprunt obligataire.
Pour commencer, les autorités alertent sur une reprise, « toujours possible, bien que non souhaitée », du conflit qui l’opposait jusqu’en 2000 à l’Érythrée. Elles préviennent également qu’il subsiste des risques de famine, rappellent le « haut degré de pauvreté de la population », qui pourrait « peser sur les finances publiques », avant de craindre une fermeture des accès à Djibouti, seule voie maritime ouverte à ce pays enclavé. Le gouvernement pousse même les investisseurs à tenir compte « des tensions politiques » que pourraient engendrer les élections générales prévues pour mai 2015.
>>>> Pour son premier eurobond, l’Éthiopie récolte un milliard de dollars
Cet accès de sincérité n’a pourtant pas faire peur aux marchés. À l’heure où les bonnes occasions sont rares sur les places occidentales et asiatiques, la finance internationale s’intéresse de très près aux emprunts à haut rendement lancés par les pays en développement.
Le choix d’Addis-Abeba a payé puisque l’eurobond d’un milliard de dollars, le premier de l’histoire du pays, été émis avec un coupon de 6,625 % et a attiré un carnet d’ordres de 2,6 milliards de dollars.
Fermé
Avec ses 90 millions de consommateurs potentiels, l’Éthiopie, jusqu’ici fermée en grande partie aux investisseurs privés étrangers, apparaît comme un marché prometteur. Certes, son endettement avec la Chine inquiète les fonds américains et britanniques. Mais ils ne pourront pas dire qu’ils n’avaient pas été prévenus…
>>> Ecobank : et maintenant, l’Éthiopie !
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