Maroc : un expert en droits humains pour assurer l’intérim au PAM après le départ d’Ilyas El Omari
C’est un homme bien plus discret que le désormais ex-secrétaire général Ilyas El Omari, qui a été choisi pour assurer l’intérim à la tête d’un des partis les plus puissants du Maroc.
« Le conseil national va se réunir entre la fin septembre et le début d’octobre pour trancher », nous dit Mehdi Bensaïd, militant du Parti authenticité et modernité (PAM). Depuis le 7 août au soir, le parti est en émoi : son secrétaire général, l’omniprésent Ilyas El Omari a quitté sa fonction. L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre et depuis, chacun se perd en conjectures. El Omary quitte-t-il son poste à cause du discours royal du 29 juillet, qui a tancé la classe politique marocaine ? Est-ce à cause de la crise politique qui frappe le Rif – il est président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et lui-même rifain – ou encore parce qu’aux dernières élections législatives de 2016, son parti n’a pas taillé des croupières aux islamistes du PJD, ce qu’il avait pourtant promis ? Difficile de savoir.
Un consultant en droits de l’Homme
En attendant, la machine PAM, qui rassemble notables, anciens gauchistes opposés au défunt Hassan II et technocrates, tous liés par une nette opposition au projet islamiste, doit continuer à tourner. Et c’est un profil aux antipodes de celui que beaucoup de Marocains appellent « Ilyas » qui a été choisi par le conseil des sages du parti afin d’assurer l’intérim.
El Habib Belkouch, membre du bureau national du parti, est avant tout une personnalité discrète, peu connue du grand public. Son dada ? Les droits de l’Homme, dont il a fait un engagement et une spécialisation professionnelle en présidant le Centre d’études en droits humains et démocratie, basé à Rabat et en devenant « consultant en droit humains ».
La figure de Driss Benzekri
Né à El Jadida en 1954, il est arrêté et emprisonné alors qu’il a la vingtaine, pour son militantisme avec le Mouvement du 23 Mars, d’obédience marxiste. Il est enfermé de 1974 à 1979. Comme un certain nombre d’anciens prisonniers de cette ère dite « des années de plomb », il intègre le mouvement des défenseurs des droits de l’Homme.
Il compagnonne à cette occasion avec Driss Benzekri, figure de proue de cette génération d’hommes et de femmes passés d’un militantisme révolutionnaire au dialogue avec l’État marocain et qui a piloté sur demande de Mohammed VI l’Instance équité et réconciliation (IER) à partir de 2004. Ce qui lui fait un point commun avec El Omari : ce dernier aussi, à peine sorti d’un long bras de fer avec l’État, mettait le pied à l’étrier d’une vie politique plus classique grâce au même Benzekri.
Celui-ci lui permettra de rencontrer rapidement les cercles influents du pouvoir. En effet, un certain nombre de « droits de l’hommistes » comme on les appelle parfois sont là au moment où le proche du roi Fouad Ali El Himma créé le Mouvement de tous les démocrates, ancêtre du PAM. Belkouch et El Omari, parmi d’autres.
Une cheville ouvrière discrète
Depuis, Belkouch, membre du Conseil national des droits humains (CNDH), une institution majeure de la vie politique marocaine depuis 2011, n’a assumé aucun mandat électif. Mais il s’illustre comme une cheville ouvrière discrète, modeste, et efficace. Il a épaulé l’ex-secrétaire général du parti, le Sahraoui Mohamed Cheikh Biadillah lorsque ce dernier présidait la Chambre des conseillers.
Plus largement, intègre et toujours actif en matière de défense des droits de l’Homme, il est un visage symbolique, pour un parti dont l’image souffre parfois de sa proximité avec les plus hauts cercles du pouvoir.
Nous devons nous poser des questions sur les derniers épisodes que nous avons traversés
Sa nomination annonce-t-elle un retour de la tendance « démocrate » du parti, au détriment des profils de notables et de technocrates ? « Il ne s’agit pas de cela », nous assure un militant en off. Un autre concède : « Nous devons bien sûr nous poser des questions sur les derniers épisodes que nous avons traversés ». Rien de plus.
Belkouch, dont chacun vante le côté travailleur, s’en tient pour sa part à détailler sa mission : préparer la tenue du conseil national qui devra gérer le départ du secrétaire général et réaliser « un calendrier d’évaluation du parcours du parti depuis sa création en 2008 », nous dit-il au téléphone. Il ne cache pas non plus que lui et ses camarades doivent plancher sur une réelle « refonte du projet pour donner un nouveau souffle à notre dynamique politique ».
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