Gaza : vers un accord a minima entre Israël et les Palestiniens ?

Israéliens et Palestiniens se sont mis d’accord lundi soir sur la prolongation de vingt-quatre heures du cessez-le-feu en vigueur à Gaza. Cette décision adoptée in extremis, peu avant l’expiration de la trêve en cours, découle surtout de la volonté de médiation du Caire, qui patine encore en raison d’exigences difficilement compatibles des deux parties.

Des familles palestiniennes quittent leurs maisons détruites dans la bande de Gaza. © AFP

Des familles palestiniennes quittent leurs maisons détruites dans la bande de Gaza. © AFP

Publié le 19 août 2014 Lecture : 4 minutes.

La médiation égyptienne finira-t-elle par porter ses fruits dans la cessation des hostilités entre Israël et les Palestiniens ? Un haut responsable palestinien au Caire a annoncé, lundi 18 août, une heure seulement avant minuit et l’expiration de la trêve en cours, que les délégués des camps israélien et palestinien qui négocient au Caire par l’entremise des Égyptiens "se sont mis d’accord prolonger de 24 heures le cessez-le-feu". Une prorogation confirmée par un responsable israélien qui a expliqué qu’elle avait été convenue "à la demande de l’Égypte, pour permettre la poursuite des négociations".

Au-delà de la prolongation annoncée, on ignore l’état des discussions censées produire non plus une pause limitée, mais une trêve durable entre des parties aux exigences apparemment inconciliables.

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L’incertitude est restée totale jusqu’au dernier moment sur une prolongation du cessez-le-feu observé depuis le 11 août. Tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou faisait monter la pression en public, des informations en provenance du Caire faisaient état d’avancées et de consultations sur une proposition égyptienne.

"Nous sommes prêts à tous les scénarios (…) L’armée est prête à frapper avec force si les tirs reprennent", a prévenu Benyamin Netanyahou lors d’une réunion avec son ministre de la Défense Moshé Yaalon, symboliquement tenue à Ashdod, ville du sud d’Israël atteinte par les roquettes palestiniennes tirées de Gaza.

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Des exigences difficilement compatibles

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"Les menaces de Netanyahou n’ont aucune valeur", a répliqué un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Peu après cependant, un haut responsable de la délégation palestinienne indiquait que les Égyptiens avaient soumis "un projet qui a été accueilli avec beaucoup de souplesse par les deux parties. On a fait des progrès".

Les Israéliens et les islamistes palestiniens du Hamas qui contrôlent Gaza forment des exigences aussi difficilement compatibles que la démilitarisation de l’enclave pour les premiers, la levée du blocus israélien pour les seconds.

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Le Hamas, auquel Israël vient de livrer bataille dans la bande de Gaza et qui est considéré comme une organisation "terroriste" aussi bien par Israël que par l’Union européenne et les États-Unis, négocie au Caire au sein d’une délégation comprenant le Jihad islamique et le Fatah du président Mahmoud Abbas.

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Israël et le Hamas ainsi que les autres organisations palestiniennes discutent à présent au Caire d’une proposition égyptienne par laquelle les belligérants s’engageraient à un arrêt total des hostilités mais qui prévoit aussi une série de dispositions touchant à la réouverture de la bande de Gaza, asphyxiée économiquement par un blocus israélien, selon un document consulté par l’AFP.

Des sujets épineux

Selon ce texte, les frontières entre Israël et Gaza seraient ouvertes plus largement ; les zones tampons à l’intérieur du territoire disparaîtraient ; les zones de pêche des Gazaouis seraient étendues de six à douze miles nautiques au moins ; Israël aiderait à l’aide humanitaire et aux réparations ; l’Autorité palestinienne dirigerait en coordination avec Israël et les organisations internationales l’entrée dans le territoire des matériaux nécessaires à la reconstruction, une disposition semble-t-il destinée à rassurer Israël, inquiet d’un détournement de ces matériaux pour lui nuire.

Des sujets aussi épineux que l’ouverture d’un port et d’un aéroport, à laquelle les Israéliens sont opposés, ou la restitution des corps de deux soldats israéliens morts en échange de la libération de détenus palestiniens, seraient remis à un mois, "après le retour du calme et de la stabilité".

Les Israéliens et les Palestiniens s’engageraient globalement à cesser toutes les hostilités, et plus précisément pour les Palestiniens à cesser de construire des tunnels débouchant en Israël et de tirer des roquettes, dit ce projet de texte dans ce qui ressemble le plus à une réponse à l’exigence israélienne primordiale de démilitarisation de Gaza.

La question est de savoir si les uns et les autres s’accorderont dans les 24 heures sur une formule qui leur convienne.

Des difficultés dues à "l’obstination de l’occupant"

Tout le monde ne semblait pas y trouver son compte. Ezzat al-Rishq, un haut responsable du Hamas,a dit que les négociations avaient rencontré des difficultés "à cause de l’obstination de l’occupant", Israël. La trêve a été prolongée "parce que les médiateurs [égyptiens] l’ont demandé pour donner une deuxième chance" aux négociations, a-t-il poursuivi.

Un échec des négociations ne signifierait pas nécessairement une reprise immédiate des hostilités. L’idée d’une cessation de fait des combats sans accord de cessez-le-feu est dans l’air depuis quelque temps en Israël. Mais chacun des protagonistes est conscient que, sans accord de fond, les hostilités pourraient vite reprendre dans un territoire qui subit sa troisième guerre en six ans.

Les autorités sanitaires de l’enclave palestinienne ont rappelé l’un des enjeux majeurs en annonçant que le bilan humain de l’offensive lancée par Israël le 8 juillet est monté à 2 016 morts palestiniens à Gaza où, malgré le cessez-le-feu, de nouveaux corps ont été découverts dans les décombres du territoire dévasté et des victimes ont succombé à leurs blessures. Parmi les morts figurent 541 enfants et 250 femmes, a précisé le ministère de la Santé. Dans le camp opposé, 64 soldats israéliens ont été tués, dont cinq par des "tirs amis" venus de leurs rangs, ainsi que trois civils.

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(Avec AFP)

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