Kenya : HRW dénonce l’exécution de suspects par la police antiterroriste
L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi la police antiterroriste kényane d’avoir exécuté et fait disparaître des suspects. L’organisation a appelé les bailleurs à suspendre leur aide à cette force.
L’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a fait état, lundi 18 août, de "preuves solides" que l’unité antiterroriste de la police (ATPU) "est à l’origine d’une série d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées" ainsi que d’arrestations arbitraires et de cas de mauvais traitement de suspects.
L’ATPU "mène des opérations répréhensibles depuis des années, parfois très ouvertement", a déclaré Leslie Lefkow, directrice adjointe Afrique de HRW.
Elle a déploré que les autorités kényanes n’aient "rien fait pour enquêter, encore moins pour faire cesser ces crimes" alors que ces disparitions se déroulaient "sous le nez des hauts responsables du gouvernement, des principales ambassades et des Nations unies", dont l’un des quatre sièges mondiaux est à Nairobi.
Selon elle, "ces actes terribles ne protègent pas les Kényans du terrorisme, ils sapent simplement l’État de droit".
Les preuves d’au moins dix exécutions
L’ONG dit détenir les preuves d’au moins dix exécutions de suspects de terrorisme, dont certains ont été vus pour la dernière fois sous la garde de l’ATPU ou ont été menacés par des agents après leur remise en liberté par un tribunal.
Dans trois de ces cas, l’ATPU a affirmé que les suspects avaient été tués lors d’échanges de tirs, mais HRW dit avoir eu des témoignages contraires ou constaté que les traces sur les lieux montraient des tirs dans une seule direction.
HRW appelle les autorités kényanes à "enquêter d’urgence" et les bailleurs de fonds à "mener leur propre enquête (…) et à suspendre leur assistance à ces forces", faute de quoi ils risquent "d’être complices de la culture de l’impunité au Kenya".
L’ATPU a été mise sur pied en 2003, après les attentats contre l’ambassade américaine à Nairobi (1998) et contre des intérêts israéliens à Mombasa (sur la côte) en 2002. Le Kenya a été frappé par de nombreuses attaques attribuées aux islamistes somaliens shebab depuis que son armée est entrée en Somalie en octobre 2011 pour les combattre.
>> Lire aussi Westgate : la communauté somalienne du Kenya craint des représailles
(Avec AFP)
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