Afrique du Sud : Carin Smuts, guérir la société à travers l’architecture

L’architecte sud-africaine Carin Smuts, adepte des solutions « locales », conçoît des projets dont la finalité dépasse la simple construction. Il y est question d’humanisme, de réinsertion et de désamorçage de la violence.

Carin Smuts veut prendre soin de la société à travers ses constructions. © DR

Carin Smuts veut prendre soin de la société à travers ses constructions. © DR

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Publié le 25 août 2014 Lecture : 2 minutes.

Enfant, dans les années 1960 à Pretoria (Afrique du Sud), Carin Smuts rêvait de devenir médecin. Adolescente, fréquentant une école pour Blancs du Cap, elle découvrit que certains parcs de la ville étaient "interdits aux Noirs" mais "autorisés aux chiens en laisse". Entre la médecine et l’architecture, elle a finalement choisi la seconde option. Mais pour elle, il s’agit encore de soigner – des individus, une communauté, toute une société.

Diplômée de l’université du Cap en 1984, l’architecte sud-africaine a très tôt développé une approche originale de son métier, accordant une attention minutieuse aux populations appelées à vivre avec tel ou tel bâtiment. Son agence, CS Studio Architects ­(csstudio.co.za) fondée en 1989, ne cherche pas à se signaler par des réalisations tape-à-l’oeil ou à mettre en avant des prouesses techniques, esthétiques ou formelles. Ce qui compte, pour Carin Smuts, c’est de construire avec et pour les habitants, dans une logique collective de renforcement de la cohésion sociale.

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"La plupart de nos travaux sont des installations publiques pour des communautés défavorisées, dit-elle. Nos budgets sont extrêmement réduits et nous travaillons de manière peu conventionnelle dans la mesure où nous sommes contactés par des associations communautaires qui n’ont pas d’argent mais une vision. Il faut ensuite trouver l’argent, car ceux qui viennent vers nous en ont rarement !"

Interactif et participatif

Du coup, le processus de conception d’un bâtiment – une école, un marché, un foyer rural, un centre d’art et de culture, une salle polyvalente – peut être très long, puisque tout le monde est impliqué en amont, pendant et en aval de la construction. "C’est un procédé interactif et participatif, c’est-à-dire un outil puissant à tous les niveaux de conception, car il permet à tout le monde d’avoir son mot à dire et conduit souvent à de meilleures solutions spatiales", explique Smuts. Au-delà des questions architecturales, il y est question des problèmes de violence, de drogue, de vol, de vivre-ensemble…

Ainsi à Langa, township tristement célèbre à la fin des années 1980 pour ses affrontements entre gangs qui firent quelque 40 morts chez les jeunes, les discussions autour de la construction de l’Ulwazi Youth Centre impliquèrent les associations pour la jeunesse mais aussi les gangs. "Ce centre a mis fin aux assassinats, et c’était plus important que le bâtiment en soi", déclare Smuts – bien que le lieu ait finalement été détruit en 2009. Humaniste plus qu’humanitaire, l’architecte résume sa démarche dans une formule lapidaire : "Choisissez local : matériaux, usages, travail." Ses chantiers peuvent ainsi devenir de véritables ateliers de formation, voire de réinsertion.

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Centre socioculturel et sportif Zolani à Nyanga, township du Cap. © CS Studio

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