Attentat de Ouagadougou : la foudre deux fois au même endroit
Peut-on encore tenir le discours de la résilience, lorsque les attaques terroristes se suivent et se ressemblent ? Comment Ouagadougou digèrera-t-elle le nouveau choc de l’avenue Kwame Nkrumah ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 août 2017 Lecture : 2 minutes.
Les terroristes ne respectent même pas le bon sens populaire. Se fiant à l’adage qui dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, les habitants de Ouagadougou avaient recommencé à fréquenter l’avenue Kwame Nkrumah, affrontant le souvenir de l’attentat du 15 janvier 2016.
Arpenter ces “Champs-Elysées burkinabè”, c’était brandir l’oxymore de l’“enjaillement” grave, comme un étendard de résilience. Peut-être les groupies des terroristes de 2016 y ont-ils vu un défi, celui du remake fidèle si difficile à envisager dans la rue parisienne du Bataclan ou dans les alentours new-yorkais de Ground zero. La foudre de la Camarde s’est donc abattue sur cette même avenue ouagalaise, encore un dimanche, le 13 août de cette année comme le 15 janvier de la précédente, sensiblement à la même heure de la soirée, au café-restaurant Istanbul, à quelques pas du café-restaurant Cappuccino.
Là encore des tirs à l’arme de guerre en direction d’une terrasse fréquentée par des expatriés ; là encore des combats nocturnes aux étages ; là encore, un assaut final des forces de l’ordre après minuit. Même modus operandi pour un même calvaire. Est-il encore besoin de revendication ?
Aussi résilient soit-il, l’affable “pays des hommes intègres” n’ignore pas qu’il est une pièce du puzzle jihadiste sahélien.
La résilience, elle, pourra-t-elle réussir le remake de la capacité de rebondir ? Il y a juste deux mois, le Cappuccino réouvrait ses portes, sur les lieux mêmes de la première tragédie ouagalaise. C’est encore sur le mode du pèlerinage qu’une partie des clients s’y rendait. Les noctambules plus ou moins noceurs finiront-ils par délaisser l’avenue meurtrie ?
La réplique tellurique de l’avenue Kwame Nkrumah ne doit pas faire oublier que ce sont des attaques récurrentes qui endeuillent les régions septentrionales du Burkina Faso. Depuis deux ans, en parallèle de prises d’otages, c’est une vingtaine d’agressions terroristes qui a touché le nord du pays, non loin du Mali et du Niger.
Aussi résilient soit-il, l’affable “pays des hommes intègres” n’ignore pas qu’il est une pièce du puzzle jihadiste sahélien, ce jeu d’influence macabre auquel se livrent les mouvements al-mourabitoune, AQMI, Ansar Eddine et le tout premier groupe jihadiste du Faso, Ansarul Islam. Et puisque que transnational est le puzzle, transnationale se devait d’être la solution. Réunissant le Burkina, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, la force militaire G5 Sahel, soutenue par la France, devrait être opérationnelle au début de l’automne.
Aux politiques de démontrer que cette nouvelle configuration n’est pas qu’un trompe-l’œil diplomatique. S’ils ne se sentent pas abandonnés à eux-mêmes, les peuples désarmés se chargeront de la résilience populaire. La foudre n’a qu’à bien se tenir.
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