Libye : la CPI lance un mandat d’arrêt contre Mahmoud Al-Werfalli, un officier de l’armée du maréchal Haftar
La CPI, la Cour pénale internationale, a délivré mardi un mandat d’arrêt d’arrêt international à l’encontre d’un officier des forces du maréchal Haftar pour crimes de guerre, pour des meurtres présumés commis à Benghazi et ses environs. Mahmoud Al-Werfalli est soupçonné d’avoir été impliqué ces deux dernières années dans la mort de 33 personnes à Benghazi, la deuxième ville du pays.
Mahmoud Al-Werfalli est un officier de la brigade Al Saiqa, une ancienne unité d’élite de l’armée sous Mouammar Khadhafi, qui avait rapidement fait défection en 2011 pour rejoindre le camp des révolutionnaires. Il est accusé par la CPI d’avoir « directement commis et ordonné la commission de meurtres ».
La CPI « a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Mahmoud Mustafa Busayf Al-Werfalli, qui serait responsable de meurtre en tant que crime de guerre dans le contexte du conflit armé non international en Libye », a déclaré dans un communiqué le tribunal dont le siège est à la Haye.
Mahmoud Al-Werfalli est accusé d’être impliqué dans au moins sept incidents en 2016 et 2017, au cours desquels il aurait lui-même tiré sur des civils ou des combattants blessés ou ordonné leur exécution. Il n’y a pas d’éléments « qui montrent qu’ils ont été jugés par un tribunal légitime, militaire ou autre », qu’il y ait eu un « procès en bonne et due forme », ont déclaré les juges de la CPI dans leur mandat d’arrêt.
Une vidéo accablante
Parmi les pièces fournies à la CPI, figure une vidéo sur laquelle on verrait Mahmoud Al-Werfalli en train d’ouvrir le feu sur une personne désarmée portant une capuche et s’adressant ensuite à son cadavre pour lui dire notamment qu’il était sous l’emprise de « Satan ».
Dans une autre vidéo, il serait vu en train de lire un document et d’ordonner à un peloton d’exécution de tirer sur 15 personnes portant des combinaisons orange et des capuches noires, rapportent les juges.
Toujours d’après ces images, Mahmoud Al-Werfalli et deux autres hommes auraient eux-mêmes exécuté trois personnes et ordonné l’exécution de deux autres. « La vidéo rendant compte de cet événement, avec un total de 20 personnes exécutées, a été postée sur un réseau social le 23 juillet 2017 », ajoute la CPI.
La CPI demande l’implication de la Libye
La procureure de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda a de son côté appelé les autorités libyennes à arrêter et remettre à la CPI Mahmoud Al-Werfalli.
« Des crimes aussi graves, en particulier de par la manière cruelle et inhumaine avec laquelle ils ont été commis contre des victimes sans défense, doivent être stoppés », a-t-elle dit. Fatou Bensouda avait déjà demandé en juin l’arrestation immédiate de Seif al-Islam Kadhafi, le fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi.
Le mandat d’arrêt délivré à son encontre en 2011 pour crimes contre l’humanité « est toujours en vigueur et la Libye est tenue de procéder immédiatement à l’arrestation de M. Kadhafi et de le remettre à la CPI, indépendamment de toute prétendue loi d’amnistie en Libye », avait-elle alors déclaré.
D’après le parquet libyen, Seif al-Islam est toujours recherché par les autorités judiciaires de Tripoli où il avait été condamné à mort par contumace en juillet 2015 pour son rôle dans la répression du soulèvement contre son père.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait saisi la CPI en février 2011 pour qu’elle enquête sur les crimes commis en Libye pendant la révolte populaire ayant mené, après l’intervention militaire occidentale, à la chute de Mouammar Kadhafi et de son régime. Ce pays a depuis sombré dans le chaos, des autorités rivales et de nombreuses milices se disputant le pouvoir.
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