Attentat de Ouagadougou : pour le président IBK, « le temps de l’insouciance est terminé » dans le Sahel

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en visite mardi au Burkina Faso pour présenter ses condoléances à son homologue burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et au peuple du Burkina Faso après l’attaque terroriste de la nuit du dimanche 13 au lundi 14 août à Ouagadougou, a réaffirmé la nécessité d’unir les forces régionales contre le terrorisme.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta en visite à Ouagadougou le 15 août après l’attentat contre le café-restaurant  Aziz Istanbul. Ici en compagnie du président Roch Marc Christian Kaboré. © DR

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta en visite à Ouagadougou le 15 août après l’attentat contre le café-restaurant Aziz Istanbul. Ici en compagnie du président Roch Marc Christian Kaboré. © DR

Publié le 16 août 2017 Lecture : 3 minutes.

Si Ibrahim Boubacar Keïta s’est rendu à Ouagadougou, c’est pour témoigner sa solidarité au « peuple frère du Burkina Faso » qui a été « violenté de la façon la plus brutale et sauvage », a déclaré le président malien à la presse réunie au palais présidentiel burkinabè.

« Cette douleur vive que ressent le peuple du Burkina, comme mon peuple du Mali, est l’une des raisons pour lesquelles nous avons estimé unir devoir nos forces, rassembler les moyens de tous ordres, humains, matériels et d’intelligence pour faire face à ce monstre hideux sans visage qui surgit d’on ne sait où mais déterminé à tuer et à massacrer comme on l’a vu ici à Ouagadougou », a poursuivi IBK.

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Le président en exercice du G5 Sahel regroupant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad a insisté sur la nécessité de l’union de tout le Sahel contre le terrorisme dans la région. Avant d’appeler à la vigilance. « Le temps de l’insouciance est terminé. Nous sommes obligés d’admettre que nous pouvons être agressés à tout moment. Nous devons donc faire preuve de la plus grande vigilance », a souligné le chef de l’État malien au côté son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré qui ne s’est pas exprimé.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta en visite à Ouagadougou le 15 août après l'attentat contre le café-restaurant Aziz Istanbul. Ici en compagnie du président Roch Marc Christian Kaboré. © DR

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta en visite à Ouagadougou le 15 août après l'attentat contre le café-restaurant Aziz Istanbul. Ici en compagnie du président Roch Marc Christian Kaboré. © DR

La force conjointe du Sahel a besoin de l’aide internationale

Après les attaques terroristes de Ouagadougou, le Mali a aussi été touché lundi par plusieurs attaques contre des camps de l’ONU. Les autorités maliennes ont dans la foulée réclamé mardi devant le Conseil de sécurité une aide matérielle et financière pour contribuer à la création par cinq pays du Sahel d’une force militaire conjointe.

Revenant sur ces attaques qui ont fait 9 morts et sur l’attentat de dimanche ayant fait 18 morts au Burkina Faso, l’ambassadeur malien à l’ONU, Issa Konfourou, a souligné que « ces actes criminels soulignent l’importance et l’urgence » de créer une force conjointe entre pays du Sahel « avec l’appui de la communauté internationale ».

Depuis l’acte de constitution de cette force début juillet, des « progrès considérables ont été réalisés », a-t-il ajouté lors d’une réunion du Conseil consacrée à la sécurité en Afrique, mais le Mali appelle « tous les pays amis et organisations internationales partenaires à nous aider à boucler le budget ».

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Le budget annuel de cette force de 5 000 hommes est estimé à 423 millions d’euros. À ce jour, seulement 108 millions sont assurés, selon Issa Konfourou.

L’objectif est de déployer de premières unités en octobre…

Lors de cette réunion, l’ambassadeur malien à l’ONU a dressé une liste détaillée de tous les besoins nécessaires pour un fonctionnement efficace du G5.

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« Parmi les besoins immédiats, les cinq pays qui participeront à la force – Niger, Tchad, Mali, Mauritanie et Burkina Faso – cherchent de l’équipement pour les bataillons, un réseau de communication pour relier les unités aux états-majors et une aide pour l’évacuation médicale d’urgence, » a précisé le diplomate malien.

Avant d’ajouter : « l’objectif est de déployer de premières unités en octobre et que tous les bataillons soient opérationnels en mars, avec une priorité accordée aux opérations militaires transfrontalières ».

Les diplomates français et américains en soutien

Lors de son intervention, la représentante adjointe de la France, Anne Gueguen, a aussi souligné la nécessité d’une « réponse urgente » à la déstabilisation de la zone sahélienne par des groupes armés. « La situation sécuritaire au Sahel reste directement liée à la situation au Mali », a-t-elle fait valoir.

Son homologue américaine, Michele J. Sison, a plutôt insisté sur les relations bilatérales pour améliorer les capacités militaires des membres de la force conjointe. « Une coopération approfondie entre les cinq pays du G5 Sahel permettrait d’améliorer leur sécurité et de compléter les efforts de la mission de paix au Mali », a dit la diplomate américaine.  » À cette fin, les États-Unis continueront leur soutien bilatéral ancien pour développer les capacités des forces de sécurité des membres du G5″ a-t-elle ajouté.

Selon l’ONU, cette Force conjointe peut apporter une contribution significative à la stabilisation du Sahel, en synergie avec d’autres initiatives régionales.

Interrogés après la réunion, les ambassadeurs du Mali et du Niger ont assuré que les États-Unis ne refusaient pas de contribuer financièrement à la force. Même sans avoir annoncé d’engagement (contrairement à l’Union européenne pour 50 millions d’euros, au G5 pour 50 autres millions et à la France pour 8 millions), les États-Unis « vont participer aux conférences » internationales prévues d’ici fin 2017 pour trouver des fonds et rendre la force opérationnelle, ont dit les deux ambassadeurs.

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