Zambie : libération du chef de l’opposition Hakainde Hichilema

Deux jours après l’ouverture de son procès pour trahison, la justice zambienne a décidé mercredi 16 août d’abandonner les charges pesant sur le chef de l’opposition Hakainde Hichilema. Il a depuis été libéré de prison.

Hichilema Hakainde s’adressant à ses partisans à Lusaka le 21 janvier 2015. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Hichilema Hakainde s’adressant à ses partisans à Lusaka le 21 janvier 2015. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Publié le 16 août 2017 Lecture : 2 minutes.

« Je voudrais informer la cour que je demande l’abandon des poursuites contre l’ensemble des accusés », a déclaré mercredi 16 août l’avocate générale Lillian Kayuni devant le tribunal de la capitale Lusaka.

Une annonce immédiatement saluée par sa formation politique, le Parti uni pour le développement national (UPND), qui a déclaré sur Twitter : « Hakainde Hichilema et ses cinq co-accusés ont été libérés de leur prison et les accusations de trahison ont été abandonnées. #HHestlibre ».

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Une libération effective dans la journée

L’opposant avait été arrêté le 11 avril 2017, puis inculpé pour trahison, pour avoir tenté de bloquer le passage du convoi du président Edgar Lungu. Selon le Code pénal zambien, il risquait une peine minimum de 15 ans de prison et, dans le pire des cas, la peine capitale.

Sa libération, d’ores et déjà effective, met un terme à une saga judiciaire de plusieurs mois, marqué par d’importantes tensions entre l’opposition et le régime d’Edgar Lungu.

Celles-ci remontent à l’élection présidentielle d’août 2016, marqué par la courte victoire − de 100 000 voix − du président sortant. Des résultats jugés frauduleux par l’opposition, qui refuse depuis de reconnaître Edgar Lungu comme le président légitime.

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Une arrestation musclée en avril

Mais le véritable tournant dans l’escalade des tensions a eu lieu en avril dernier, lors de l’arrestation musclée de Hakainde Hichilema à son domicile par des dizaines de policiers anti-émeute. L’ONG Amnesty International avait alors estimé que le chef de l’opposition était « victime de persécutions » de la part des autorités et que les poursuites engagées contre lui visaient à le « harceler et l’intimider ».

Son transfert en juin dans une prison de haute sécurité a alimenté un peu plus les critiques de l’opposition, qui dénoncent depuis plusieurs années les dérives autoritaires du régime. À la même période, 48 députés d’opposition ont été suspendus pendant un mois, pour avoir boycotté un discours du chef de l’État.

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Un contexte délétère

Autre signe de crispation du régime zambien : l’instauration à la mi-juillet de l’état d’urgence pour trois mois à la suite d’une série d’incendies criminels attribués par le pouvoir à l’opposition. Dans ce contexte délétère, le chef d’un petit parti d’opposition, Savior Chishimba, très critique envers le président Lungu, a également été arrêté, début août, avant d’être libéré au bout d’une semaine sans poursuites.

En annonçant l’état d’urgence, Edgar Lungu a balayé d’un revers de main les critiques et rejeté toute dérive « dictatoriale », assurant qu’il avait pour unique préoccupation de faire « reculer l’anarchie » dans son pays.

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