Angola – Isaías Samakuva : « Si je suis élu, Isabel dos Santos devra partir »

À moins d’une semaine des élections générales, Isaías Henriques Ngola Samakuva, le candidat de l’Unita, espère convaincre les Angolais qu’il est une alternative crédible au MPLA – au pouvoir. Interview.

Isaias Samakuva, l’opposant angolais qui défend une démocratisation pacifique © AFP

Isaias Samakuva, l’opposant angolais qui défend une démocratisation pacifique © AFP

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 16 août 2017 Lecture : 3 minutes.

À 71 ans, Isaías Henriques Ngola Samakuva, le président de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita, premier parti d’opposition) se présente pour la troisième fois aux élections générales (législatives et présidentielle). Cette année, elles sont prévues le 23 août.

Face à lui – et là, c’est une première – se trouvera João Lourenço, le candidat du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), dirigé par José Eduardo dos Santos, le chef de l’Etat sortant au pouvoir depuis presque 38 ans, qui a décidé de passer la main.

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Avec ce départ, mais aussi sur fond d’une des pires crises économiques qu’a connu le pays, l’ancien compagnon de route de Jonas Savimbi, fondateur de l’Unita, pense pouvoir faire mieux qu’en 2012, où il n’avait recueilli que 18,33% des voix – huit points de plus qu’en 2008 lors des premières élections du pays depuis la fin de la guerre civile en 2002. Entre deux meetings, il a répondu à nos questions par téléphone.

Jeune Afrique : Nous sommes à moins d’une semaine du scrutin. Comment s’est passée votre campagne ?

Isaías Henriques Ngola Samakuva : La tendance est bonne. Partout où nous passons, nous recevons énormément de soutiens, ce qui nous donne bon espoir.

Votre parti a traversé des crises internes, comme la démission en 2011 de plusieurs cadres, dont votre ancien responsable de campagne, Abel Chivukuvuku, qui a créé le Casa Ce. Ne craignez-vous pas une dispersion des voix ?

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Absolument pas. D’abord, ils sont nombreux parmi ces cadres à être revenus dans le giron de l’Unita. Ensuite, je pense que la création d’un nouveau parti est une bonne chose pour la démocratie. On ne pourra plus accuser l’Unita d’hégémonie sur l’opposition.

Le MPLA travaille pour s’enrichir

En 2012, vous étiez tout aussi optimiste. Et pourtant vous n’avez remporté que 18,33% des voix…

Beaucoup de choses ont changé depuis. Par exemple, tout le monde a compris que les accusations contre l’Unita, rendu responsable de la guerre civile et qui voudrait enflammer le pays, sont infondées, et qu’en réalité nous travaillons vraiment pour la paix. Quand le MPLA, lui, travaille pour s’enrichir.

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Que ferez-vous de mieux que José Eduardo dos Santos, en poste depuis presque 38 ans ?

Nous répondrons aux besoins de tous les Angolais, en leur fournissant de l’eau potable, de l’électricité, des médicaments, de l’emploi… Ce dont ils sont actuellement privés.

Comment vous y prendrez-vous concrètement alors que le pays traverse l’une des pires crises économiques de son histoire ?

Il faut réellement diversifier notre économie. Mais pour cela nous avons besoin d’attirer les investisseurs étrangers dans d’autres secteurs que celui du pétrole. Ils n’ont actuellement pas accès aux opportunités et ne sont pas totalement libres d’investir. Rien que pour obtenir un visa, c’est pour eux une épreuve !

Quelle sera votre première mesure si vous êtes élu président ?

Réviser la loi qui encadre les investissements étrangers, car actuellement elle ne les protège pas. Nous devons donner des garanties.

Vivez-vous comme une aubaine le départ de José Eduardo dos Santos ?

En quelque sorte. Car le candidat João Lourenço n’apportera aucun changement, et les Angolais le savent. Notamment parce que dos Santos sera toujours à la tête du MPLA, et que c’est ce parti qui dirige en sous-main.

Si l’Unita remporte l’élection, qu’adviendra-t-il d’Isabel dos Santos, la fille du président nommée en novembre 2016 à la tête de la Sonangol, la compagnie pétrolière nationale ?

Nous pensons que sa nomination n’était pas éthique. Elle a été beaucoup contestée par le peuple angolais. Si je suis élu, elle devra partir.

Même si elle est compétente ?

A-t-elle vraiment bien géré ? Nous étudierons cela. Mais d’autres qu’elle sont compétents également.

J’accepterai le résultat des urnes si celui-ci exprime la volonté du peuple

L’Unita n’a jamais dirigé le pays. N’est-ce pas un handicap ?

Ce n’est pas compliqué de diriger un pays si la volonté politique existe et si nous agissons de manière transparente pour répondre aux besoins des citoyens. Le MPLA s’y prend mal, nous avons aujourd’hui un pays désorganisé, plongé dans la misère.

Accepterez-vous sans histoire le résultat des urnes, quel qu’il soit ?

Oui, si celui-ci exprime la volonté du peuple.

Comment jugerez-vous cela ?

Nous nous assurerons que l’élection a respecté la loi et les procédures. Si c’est le cas, nous accepterons le choix du peuple, quel qu’il soit.

À 71 ans, il s’agit de votre troisième campagne électorale. Est-ce la dernière ?

Oui, je me présente pour la dernière fois.

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