Burkina : Salif Diallo, un homme politique habile et pragmatique

« Militant passionné », « homme de conviction, « politicien pragmatique »… Les Burkinabè ont rendu hier un dernier hommage à Salif Diallo, le président de l’Assemblée nationale décédé samedi à Paris.

Salif Diallo en juin 2016, lors d’un voyage en Chine. © 總統府 / Flickr

Salif Diallo en juin 2016, lors d’un voyage en Chine. © 總統府 / Flickr

Publié le 20 août 2017 Lecture : 3 minutes.

À Ouagadougou, des milliers de burkinabè, de tous bords politiques, ont défilé au domicile de Salif Diallo pour lui rendre un dernier hommage en l’absence de sa dépouille. Elle devrait être, selon nos informations, rapatriée mercredi 23 août, avant les obsèques qui auront lieu vendredi à Ouahigouya, sa ville natale.

L’annonce de la disparition de ce personnage central du pouvoir du chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré, a suscité une vague de consternation et de compassion.

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« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès survenu ce samedi de Salif Diallo, le président de l’assemblée nationale. En cette circonstance douloureuse, j’ai une pensée pour la famille de l’illustre disparu et tous les proches », a aussitôt réagi le président du Faso sur son compte Twitter.

« Le président Kaboré perd un ami, un camarade et un allié politique de premier plan », a estimé publiquement Thierry Hot, conseiller spécial du chef de l’État, sur Twitter également.

De l’autre côté de l’échiquier, même unanimité. « Nous avons perdu un fils valeureux. Je retiens de lui un homme d’action et de conviction », commente le chef de l’opposition, Zephirin Diabré. Achille Tapsoba, président du CDP par intérim et ancien compagnon du disparu embouche dans la même trompette. « C’est un activiste politique et un militant passionné de sa position qui lutte sans réserves », retient Tapsoba saluant son oeuvre pour le développement du Burkina. Pour lui, Diallo savait sans état d’âme se mettre au devant d’une troupe pour mener une action politique.

Au-delà des frontières du pays, Guillaume Soro, le président de l’assemblée nationale ivoirienne, a salué sur sa page Facebook la mémoire d’un valeureux militant politique africain. « Malgré les péripéties parfois difficiles de nos relations ces dernières années, Salif Diallo et moi étions parfaitement réconciliés avant cette décision du destin », écrit-il.

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Une empreinte sur la vie politique burkinabè

Élu en mars dernier à la tête du Mouvement du Peuple pour le progrès (MPP), qu’il a co-fondé en 2014 avec Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré, Salif Diallo a marqué la vie politique burkinabè des trente dernières années. Tous trois ex-ténors du régime Compaoré, ils avaient rejoint l’opposition avant la chute de ce dernier.

Diplômé de droit à l’université de Dakar, Salif Diallo a connu un destin politique hors-pair. Homme de réseaux et de service, le natif du nord du Faso a été de tous les combats politiques. « Après Thomas Sankara et Blaise Compaoré, je pense qu’il est le troisième personnage emblématique qui a imprimé son empreinte sur la vie politique au Burkina Faso », glisse un diplomate européen.

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En 1983, après la révolution sankariste, il est chef de cabinet du ministre de la Justice, Blaise Compaoré. Il restera fidèle parmi les fidèles de celui qui devient chef de l’État en 1987 jusqu’à leur divorce en 2008.

« Rompu à la stratégie du complot politique, Salif Diallo a démontré qu’il pouvait bousculer la donne politique. Pour preuve, il est l’un des acteurs majeurs de l’avènement du Front populaire avec Blaise Compaoré mais aussi de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a causé la chute du président Compaoré », salue Achille Tapsoba.

Du clan Compaoré au Mouvement du peuple pour le progrès

Surnommé par ses camarades de lutte « Gorba » en référence à l’ancien président russe Gorbatchev, il avait milité au sein du « clandestin  » parti communiste révolutionnaire voltaique (PCRV) à l’instar du Dr Jean Marc Palm, autre figure de l’actuel parti présidentiel. Puis, sous Compaoré, il a maintes fois été appelé au gouvernement. Il a été ministre de l’Eau et de l’Environnement avant de se voir confier le portefeuille de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Dans le même temps, son influence au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès ne cesse de grandir. D’abord secrétaire national adjoint, il en devient le secrétaire général puis le vice-président.

En 2008, c’est la disgrâce. Il quitte le gouvernement au cours d’un week-end pascal, suite à plusieurs années difficiles, faites de rivalité avec François Compaoré et quelques autres. Un an plus tard, il est suspendu du CDP et est envoyé en mission diplomatique à Vienne. Une période difficile lors de laquelle il prépare la suite et réussit à convaincre Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré, tous deux suspendus au congrès de 2012, de quitter le navire CDP. Ce qui sera fait en janvier 2014, lorsque les trois ex-barons du régime Compaoré claquent la porte et annoncent la formation du Mouvement du peuple pour le progrès.

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