Rwanda : Paul Kagame a-t-il répondu à Emmanuel Macron ?

L’une des phrases du discours de Paul Kagame lors de sa prestation de serment, le 18 août à Kigali, semblait destiné à Emmanuel Macron. Le président français avait suscité une petite polémique un mois plus tôt en évoquant le défi « civilisationnel » de l’Afrique.

Paul Kagame à Kigali, lors de sa prestation de serment, le 18 août 2017. © Eric Murinzi/AP/SIPA

Paul Kagame à Kigali, lors de sa prestation de serment, le 18 août 2017. © Eric Murinzi/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 21 août 2017 Lecture : 2 minutes.

“Africa has no civilizational problems, only assets.” C’est lors d’un discours prononcé en anglais et en kinyarwanda que le chef de l’État rwandais réélu, Paul Kagame, a déclaré, devant une imposante brochette de chefs d’État et quelques 30 000 Rwandais, que “l’Afrique n’avait pas de problèmes d’ordre civilisationnel”, qu’elle n’avait que “des atouts”.

Faut-il y voir une réponse Emmanuel Macron, qui déclarait le 8 juillet, en marge du sommet du G20 à Hambourg – où Paul Kagame était lui aussi présent : “Le défi de l’Afrique, il est totalement différent. Il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel aujourd’hui” ?

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La phrase n’avait pas manqué de choquer et elle avait suscité différentes réactions, notamment de la part d’intellectuels africains.

“C’est une réponse à Macron”, tranche sans hésiter un fin connaisseur de la vie politique rwandaise. Et de noter que Kagame n’a prononcé que trois mots de français dans son allocution : “sans aucun doute”, placés juste après sa réflexion sur les problèmes civilisationnels, comme pour mieux indiquer à qui il faisait référence.

“Il y a plusieurs interprétations possibles de cette phrase et en effet, cela peut en être une”, nous dit une source à la présidence rwandaise lorsqu’on lui demande si le message renvoie bien au chef de l’État français.

Des relations franco-rwandaises toujours tendues

La France et le Rwanda restent à couteaux tirés et chaque saillie, d’une part ou de l’autre, est scrutée dans les chancelleries. Dernière passe d’armes en date : le Français Manuel Valls, en avril 2014, à peine nommé Premier ministre, répondait à Kigali, qualifiant “d’indignes et injustes”, les déclarations de Paul Kagame qui, dans une interview à Jeune Afrique, avait accusé la France d’avoir eu un « rôle direct dans “la préparation politique du génocide” et dans “son exécution même”.

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Emmanuel Macron, lui, a désigné François Lecointre comme nouveau chef d’état major des armées, en juillet dernier. Or, ce dernier avait été affecté au Rwanda dans le cadre de l’opération Turquoise. Une nomination qui n’a pas été bien accueillie du côté de Kigali, tant Turquoise y est vécue comme le symbole des errements de Paris en 1994, lors du génocide des Tutsis.

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