Burkina : l’après-Salif Diallo en question

La dépouille mortelle de Salif Diallo doit être rapatriée mercredi à Ouagadougou. La disparition de cette figure de proue du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, et président de l’Assemblée nationale burkinabè, augure d’une recomposition de l’échiquier politique. Décryptage.

Salif Diallo en juin 2016, lors d’un voyage en Chine. © 總統府 / Flickr

Salif Diallo en juin 2016, lors d’un voyage en Chine. © 總統府 / Flickr

Publié le 22 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Alors que le Burkina et sa famille politique, encore sous le choc, font leur deuil, la succession de Salif Diallo à la tête du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, au pouvoir) et à l’Assemblée nationale, dont il était le président, reste en suspens. Au Parlement, peu de noms circulent. Mais selon certaines indiscrétions, Lassane Savadogo, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et natif du nord comme Diallo, serait en pole position.

Le MPP va devoir rapidement se réorganiser. « Il est évident que la disparition d’un animateur politique de la trempe de Salif Diallo va créer un vide. Il en était l’âme. Beaucoup, notamment d’anciens militants du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), ont adhéré au MPP grâce à lui », commente l’universitaire et politologue burkinabè, Maurice Mélégué Traoré, qui fut également président de l’Assemblée nationale.

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Jean Marc Palm, compagnon et membre du Haut conseil du parti présidentiel, poursuit : « Il laisse un grand vide. Il nous faudra faire avec son absence. On saura trouver les ressources au sein du MPP pour faire face à cette situation et maintenir le cap. Il va y avoir un flottement au niveau de l’Assemblée nationale. Mais il faut vite se ressaisir pour continuer à dérouler le programme pour lequel on a été élu. »

Recomposition

Les répercussions de la mort de Salif Diallo vont également s’étendre à l’ensemble du système politique. « Le départ de Diallo pourrait entraîner un changement de gouvernance au sommet de l’État et du MPP », poursuit encore l’ancien président du Parlement.

Bercé dans les cercles du pouvoir durant les trente dernières années, Salif Diallo a marqué la vie politique du Burkina. »Notre façon de faire de la politique a été influencée par Salif. Par son style, sa proximité avec Blaise Compaoré, dont il fut l’homme de confiance pendant plus de deux décennies, et son compagnonnage avec Roch Marc Christian Kaboré ou Simon Compaoré », explique Maurice Mélégué Traoré.

Influence régionale

En 1983, après la révolution sankariste, Diallo est chef de cabinet du ministre de la Justice, Blaise Compaoré. Il restera un fidèle parmi les fidèles de celui qui deviendra chef de l’État en 1987, et ce jusqu’à leur divorce en 2008. Sous Compaoré, son influence débordait largement de ses attributions et des frontières du Burkina.

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« C’est lui qui gérait les relations avec certains chefs d’État comme le guide libyen Kadhafi ou Omar Bongo, mais aussi en Côte d’Ivoire et au Sénégal. On a d’ailleurs dit à certains moments qu’il était le ministre des Affaires étrangères bis », confie un diplomate et ancien ministre burkinabè. En 2008, alors qu’il entame sa traversée du désert sur fond de désaccord avec François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président, Salif Diallo officiait comme conseiller officieux auprès du président nigérien, Mahamadou Issoufou.

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