L’argent des Africains : Brice, informaticien en Côte d’Ivoire – 122 euros par mois

Brice a 28 ans. En attendant de trouver un travail stable dans l’informatique, il multiplie les petits boulots dans l’espoir d’emménager avec sa fiancée et de se marier. Pour ce nouveau numéro de notre série l’argent des Africains, il a accepté de nous ouvrir son portefeuille.

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Publié le 24 août 2017 Lecture : 3 minutes.

En 2012, lorsqu’il termine son BTS en informatique et réseaux, Brice n’imagine pas un instant les difficultés qui l’attendent. « J’avais choisi cette filière, en pensant qu’il serait simple de trouver du travail à la sortie des études, se rappelle-t-il. Mais cela fait cinq ans que je n’ai pas d’emploi stable. »  

En attendant « sa chance » sur le marché de travail, le jeune homme effectue de petites missions depuis septembre 2016 pour le compte de son ancien responsable de stage au ministère de la Construction et de l’Urbanisme à Bonoua, une ville côtière près d’Abidjan. « Il fait appel à moi dès qu’il y a un souci informatique ou pour effectuer des vérifications au sein de la base de données », précise-t-il. Un travail irrégulier, qui l’oblige à multiplier les à-côtés pour gagner plus d’argent et égayer le quotidien : maçon un jour, électricien le lendemain, sans oublier de donner un coup de main de temps en temps aux travaux des champs. « Dès que je peux, j’aide la famille à désherber ou à planter les graines », précise-t-il.

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Nourriture : 46 euros

Ses diverses activités lui rapportent en moyenne entre 80 et 90 000 francs CFA tous les mois, soit une moyenne de 122 euros. « Heureusement que j’habite chez mes parents, et que je n’ai ni loyer ni électricité à payer. Sinon cela deviendrait très compliqué. » Un budget d’autant plus serré que le jeune homme doit financer le quotidien de sa fiancée, à hauteur d’environ 38 euros chaque mois. « Même si nous ne vivons pas encore ensemble, je me suis engagé à m’occuper d’elle auprès de sa famille », explique-t-il.

Pour le reste, Brice dépense le strict minimum : la nourriture du midi lui coûte en moyenne 46 euros, ses frais d’habillement environ 15 euros et son forfait téléphone lui revient au maximum à 12 euros. Ses rares petits plaisirs consistent à se rendre une à deux fois par mois déguster une glace avec sa fiancée. « Sinon, pour me détendre, je regarde la télévision ou je joue à des jeux de foot sur la Playstation 2 avec mon petit cousin », ajoute-t-il.

Une passion pour la politique

Il paraît bien loin le temps où Brice ambitionnait de devenir politicien. Un travail synonyme à ses yeux de « dialogue avec les autres », « d’enrichissement intellectuel permanent » et de « beaux discours ». « Avec les événements de ces dernières années, la jeune génération a suivi de très près la vie politique ivoirienne, explique-t-il. Forcément, nous sommes très politisés. »

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Mais son rêve de suivre un cursus en science politique a vite été rattrapé par la réalité de son pays. En 2010, peu de temps après l’obtention de son baccalauréat, des troubles éclatent en Côte d’Ivoire après l’élection présidentielle. À l’image d’un pays paralysé et en proie au chaos, les universités ferment leurs portes. Plutôt que de rester à la maison, Brice se lance alors dans un cursus BTS à Abidjan en informatique et réseaux. « Avec l’arrivée de Facebook, nous étions émerveillés par les nouvelles technologies. J’étais excité à l’idée de découvrir cet univers », explique-t-il.

Son BTS en poche, le jeune diplômé enchaîne plusieurs stages. « Mais aucun employeur ne m’a retenu. Et la plupart des entreprises réclament au moins trois-quatre ans d’expérience », déplore-t-il. Pour conjurer le mauvais sort, Brice a même pensé reprendre les études pour multiplier ses chances d’embauche. Mais le coût d’une école d’ingénieur en Côte d’Ivoire l’a vite dissuadé. Il lui reste les offres d’emploi sur Internet qu’il consulte assidûment dans l’espoir de trouver un travail stable et d’enfin pouvoir épouser sa fiancée.

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Si vous souhaitez participer à notre série, écrivez nous à argentdesafricains@jeuneafrique.com

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