Sierra Leone : après la catastrophe, les communautés s’organisent

Dix jours après le glissement de terrain meurtrier du 14 août, la situation à Freetown reste catastrophique. Le bilan ne cesse de s’alourdir, avec au moins 500 morts et plus de 600 disparus. Lundi, la présidence a lancé un nouvel appel au soutien international pour faire face à l’ampleur des dégâts. Sur place, l’aide humanitaire s’intensifie et les populations s’entraident du mieux qu’elles peuvent.

Des volontaires creusent des tombes pour les victimes des coulées de boue au Sierra Leone, à Regent, dans la capitale Freetown. © Manika Kamara/AP/SIPA

Des volontaires creusent des tombes pour les victimes des coulées de boue au Sierra Leone, à Regent, dans la capitale Freetown. © Manika Kamara/AP/SIPA

Publié le 23 août 2017 Lecture : 2 minutes.

Pour le pasteur Mambud Kestine Samai, Dieu le met une nouvelle fois à l’épreuve. Après avoir fui l’atroce guerre civile qui déchira la Sierra Leone de 1991 à 2002, et vécu la psychose sanitaire de l’épidémie Ebola en 2014 et 2015, l’homme d’église fait maintenant face à l’une des pires catastrophes qu’ait connu le pays.

Cette fois, c’est la nature qui se déchaîne par des pluies torrentielles, fendant en deux la montagne Sugar Loaf (« pain de sucre » en anglais) et emportant au moins 499 personnes dans une spectaculaire coulée de boue à Regent, ville à 10 km de la capitale Freetown. « Dieu merci, ma famille ne fait partie des victimes et notre maison n’a pas été touchée. Mais beaucoup de nos voisins sont morts. Un pasteur de mon église, sa femme et son fils ont perdu la vie. » déplore le pasteur Samai.

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Des victimes souvent impossibles à identifier

« Notre communauté réside tout près du lieu du désastre. Là-bas, les inondations ont tout balayé sur leur passage, il n’y a plus une seule structure physique. » Malgré l’ampleur des dégâts, impossible pour lui de rester les bras croisés. Dans ce pays où les populations sont souvent livrées à elles-mêmes, il choisit de devancer l’aide du gouvernement et des humanitaires en recherchant les corps dans la boue. Une tâche pénible et douloureuse.

« Nous avons retrouvé de nombreux enfants, en bas âge ou adolescents, se remémore-t-il. Nous avons aussi découvert un homme tellement lourd qu’il a fallu six personnes pour le sortir de l’eau. » Les victimes se trouvent dans un état tel qu’il est impossible de les identifier, d’autant plus que le courant a déplacé les corps sur des kilomètres. « Nous avons retrouvé des membres de notre communauté dans des villages voisins, » détaille Mambud Samai.

Recenser les vivants

Avec des fidèles de son église, le missionnaire décide de s’occuper des vivants plutôt que des disparus, en recensant méticuleusement les survivants de la zone. « Pour l’instant, nous avons relevé le nom et l’âge d’une centaine de survivants répartis dans 23 familles. Un quinquagénaire a perdu toute sa famille, sa femme et ses cinq enfants. C’est affreux ! »

Le pasteur et son équipe effectuent une partie de leur opération d’identification dans les deux camps installés à Kaningo et Kamayama, également dévastés par les courants, pour accueillir les sans-abris. Mais ces centres d’accueil sont vite débordés. « Le camp humanitaire de Kaningo, par exemple, compte 660 survivants. Mais certains refusent de s’y rendre pour des raisons d’hygiène et de sécurité. Nous avons pu persuader nos fidèles de les accueillir provisoirement chez eux. »

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Aujourd’hui, la peur ne s’est pas estompée. Regent est située au pied une vallée montagneuse. La saison des pluies n’étant pas encore terminée, beaucoup craignent une autre catastrophe. À cela s’ajoutent les risques importants d’épidémie dus aux cadavres toujours coincés dans les décombres.

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