Sénégal : disparition d’Aliou Sadio Sow, bâtisseur dans l’âme
Membre-fondateur de la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE), un des géants du BTP au Sénégal et en Afrique de l’ouest, Aliou Sadio Sow est décédé le 22 août à Paris. Il était l’un des hommes d’affaires les plus discrets du pays, mais sans doute aussi l’un des plus emblématiques.
L’information a été donnée en milieu de journée par la Radio Futurs médias (RFM) : Aliou Sadio Sow est décédé à l’âge de 83 ans, mardi 22 août à l’hôpital américain de Paris. Un des pères en 1970 de la Compagnie sénégalaise d’entreprise (CSE), alors détenue à 45 % par la société française Fougerolle, et devenue plus tard Compagnie sahélienne d’entreprise sous sa férule en 1976, il est parvenu, près d’un demi-siècle plus tard, à en faire un des tout premiers groupes de BTP du pays.
À l’instar du peuple sénégalais, le chef de l’État Macky Sall, « peiné par cette triste nouvelle », a salué la mémoire d’une « figure emblématique ». « Avec le rappel à Dieu de Aliou Sow, le Sénégal perd une figure emblématique de son secteur privé national. Créateur d’entreprises et philanthrope engagé, le fondateur de la CSE est un modèle de ténacité et de constance dans la quête de l’excellence. Je salue sa mémoire et présente à sa famille mes condoléances émues. Paix à son âme ».
Les témoignages et l’émotion suscités sont les mêmes au sein du secteur privé national. « Je suis personnellement très touché par sa disparition, je le considérais comme un modèle. Permettez-moi de lui rendre un hommage et de dire que l’organisation dont il a contribué à la naissance, à travers moi, lui rend un hommage mérité et prie pour que Dieu l’accueille en son saint Paradis », déclare Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), une des principales organisations patronales du pays.
Le groupe de BTP est aujourd’hui présent dans sept pays d’Afrique de l’ouest (Burkina Faso, Mali, Sierra Leone, Guinée, Niger, Gambie, Liberia) ainsi qu’au Cameroun. Selon des chiffres datant de 2016, il a réalisé un chiffre d’affaires de 100 milliards de FCFA. Au début de la saga, c’est son ami de toujours, le banquier Amadou Sow, qui lui avait apporté un investissement de 5 millions de FCFA (soit environ 10 000 dollars à l’époque).
Un héritage visible au quotidien
De grands travaux emblématiques sont aujourd’hui estampillés CSE : la voie de dégagement nord (VDN) et l’hôtel Radisson Blu, à Dakar, l’aéroport international Blaise-Diagne de Diass (AIBD), la route Saint-Louis-Ndioum dans le nord du pays, le pont de Kolda en Casamance…
Investisseur avisé, ce natif du Fouta, dans le septentrion du pays, s’était essayé à la finance en devenant, durant les années 1980, actionnaire majoritaire, avec 66% du capital, de la défunte Banque sénégalo-tunisienne (BST), avant de céder en 2006 ses actifs au marocain Attijariwafa Bank. Mais aussi dans certains services publics essentiels. « Nous avons été des partenaires dans des secteurs aussi vitaux que les services publics de l’eau et de l’électricité », révèle à Jeune Afrique, Mansour Cama.
Sa trajectoire et son action à la tête de son entreprise ont toujours été marquées d’une très grande discrétion et d’un pragmatisme à toute épreuve. Les œuvres sociales de cet ingénieur de formation (il a fait ses premières armes au sein du groupe pétrolier Shell en tant que directeur des opérations) à l’endroit de ses collaborateurs et des démunis sont, de même, de notoriété publique dans le pays. « Il s’est illustré en venant en aide à beaucoup de personnes, c’est un exemple. Je retiens quelqu’un de juste, de travailleur, d’honnête, et de discret, témoigne Aimé Sène, président du Groupe Aimé Sène (GAS) et vice-président du Conseil national du patronat (CNP). Nombre de Sénégalais ne sont pas en mesure de mettre un visage sur cette personne. Voilà vraiment un grand monsieur, une grande figure sénégalaise dont des générations et des générations peuvent s’inspirer ».
Un groupe solide
Le patriarche laisse aujourd’hui un groupe solide transformé en avril 2015 en holding constituée de 5 filiales, pilotée par son fils aîné Oumar Sow en tant que président du directoire. Lequel a gravi un à un les échelons de l’entreprise familiale. Si Ardo, le cadet, conduit la société de terrassement, SOSETER, Mohamed Sow dirige lui la SIDH, spécialisée dans l’immobilier. Une autre entité, la Société immobilière du Golf (SIG) est également active dans le secteur immobilier. À cet égard, « ce capitaine d’industrie efficace, discret et travailleur acharné, a administré une grande leçon aux hommes d’affaires du pays en préparant soigneusement sa succession à la tête de ses sociétés», estime, pour sa part, Ameth Amar, le patron des Nouvelles minoteries africaines (NMA-SANDERS).
Des fils Sow, seul le tycoon Yérim a préféré faire cavalier seul à la tête du groupe Teyliom (immobilier, banque, boisson, hôtellerie, etc.).
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