L’Angola dans l’attente des résultats provisoires des élections générales
Les Angolais ont voté dans le calme mercredi pour choisir un successeur au président José Eduardo dos Santos, qui a décidé de quitter le pouvoir au terme d’un règne de trente-huit ans à la tête de son pays. Le dépouillement a immédiatement débuté et devrait livrer ses premiers résultats d’ici vendredi.
Plus de 9 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes mercredi 23 août pour élire leurs députés. Le parti qui obtiendra le plus de sièges verra son candidat devenir président de la République. Le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis 1975, devrait, sauf coup de théâtre, retrouver sa majorité absolue au Parlement et installer son candidat et dauphin désigné : l’ex-ministre de la Défense Joao Lourenço.
Les bureaux de vote ont lentement commencé à fermer après 17h00 GMT, au terme d’une journée de scrutin où, selon les constatations des journalistes de l’AFP présents à Luanda, ils n’ont pas fait le plein des 9,3 millions d’électeurs inscrits. À la mi-journée, la CNE, la commission nationale électorale, n’avait relevé aucun incident notable. L’Unita, le principal parti de l’opposition a quant à lui dénoncé les fraudes, a rapporté RFI.
Ras-le-bol
Tout au long de leur campagne, les adversaires du régime ont insisté sur le ras-le-bol de plus en plus manifeste d’une bonne partie des 28 millions d’Angolais et plaidé pour l’alternance. « Nous avons besoin de changement, a lancé Isaias Samakuva, le patron de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), en votant à Luanda. Aujourd’hui est une date importante. »
« Ça n’a pas de sens, quarante-deux ans après l’indépendance, de voir un pays très riche dont les enfants n’arrivent toujours pas à mener une vie heureuse », a insisté de son côté en sortant de l’isoloir le chef de la Convergence large pour le salut de l’Angola – Coalition électorale (Casa-CE), Abel Chivukuvuku.
Ses adversaires reprochent à José dos Santos d’avoir mis en coupe réglée des pans entiers de l’économie du pays, confiés à sa famille ou des proches. Sa fille Isabel, considérée comme la femme la plus riche d’Afrique, est devenue le symbole de cette « privatisation de l’État », selon le mot du journaliste d’opposition Rafael Marques de Morais. Son père en a fait l’an dernier le PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Aucune déclaration du président sortant
Très matinal ce mercredi, le président sortant, bientôt 75 ans, a déposé son bulletin dans une école du centre de la capitale, sans faire de déclaration. Son très probable successeur l’a imité une heure après dans un autre bureau de vote de Luanda. « Je suis serein. Je vais rester calmement chez moi en attendant que mes collègues du parti m’informent des résultats », a déclaré Joao Lourenço.
Apparatchik du MPLA, ce général à la retraite de 64 ans a fait campagne en promettant de « corriger ce qui va mal ». « Ma mission sera de relancer l’économie du pays, a-t-il déclaré à la presse à la veille du scrutin. Si j’y parviens, j’aimerai être reconnu dans l’histoire comme l’homme du miracle économique en Angola. »
Conscient du mécontentement ambiant, le MPLA a inondé ces derniers mois le pays de toute sa puissance financière de parti-État et multiplié les inaugurations de grands travaux, ponts ou de barrages. Joao Lourenço a aussi promis de « combattre la corruption ». Mais beaucoup doutent de sa volonté de s’attaquer au « système » de son prédécesseur.
Même usé par la maladie, dos Santos doit rester président du MPLA jusqu’en 2022. Il a verrouillé sa sortie en faisant voter des lois qui lui assurent une large immunité judiciaire et gèlent pour des années toute la hiérarchie dans l’armée et la police. Dans ce contexte d’usure du pouvoir et de crise, les analystes tablent sur un net recul électoral du MPLA, qui avait réuni 72% des voix il y a cinq ans.
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