Hissein Brahim Taha, ministre tchadien des Affaires étrangères : « Le Qatar doit cesser de soutenir Timan Erdimi »
Le ministre des Affaires étrangères du Tchad précise à Jeune Afrique les raisons de la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar.
Le Tchad a annoncé mercredi 23 août la fermeture de l’ambassade du Qatar à N’djamena en raison des « tentatives (de l’émirat) de déstabilisation du Tchad à partir de la Libye », selon un communiqué des Affaires étrangères. La décision a été signifiée à l’ambassadeur du Qatar le même jour. Ce dernier a dix jours pour quitter le pays avec l’ensemble du personnel diplomatique qatari.
Les autorités tchadiennes ont par la suite précisé leurs motivations : selon elles, le Qatar soutient le rebelle Timan Erdimi de l’Union des forces de la résistance (UFR), qui réside à Doha. Le mouvement a pour sa part nié être soutenu par le Qatar. Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Hissein Brahim Taha, précise son point de vue à Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Des militants de l’Union des forces de la résistance (UFR) ont assuré que leur leader Timan Erdimi n’était pas soutenu par le Qatar. Qu’en dites-vous ?
Hissein Brahim Taha : C’est de bonne guerre. Personne n’aime reconnaître un soutien étranger. Encore moins du Qatar j’imagine par les temps qui courent. Pourtant les faits sont là : Erdimi est hébergé à Doha depuis sept ou huit ans, il y vit dans un grand hôtel. Et il y a plusieurs semaines, il a clairement démontré qu’il était bien le leader d’un mouvement qui appelle à se réorganiser en vue de mener une lutte armée. Il ne le cache pas. Partant de là, je crois que nous sommes en droit de prendre les mesures que nous jugeons adéquates.
Vous parlez d’incursion depuis la Libye. Selon vous, la situation dans ce pays représente un danger pour la sécurité du Tchad ?
La situation libyenne représente un danger pour tous les pays de la région, en premier lieu pour notre pays qui dispose d’une frontière commune avec la Libye. Il y a une dizaine de jours, une opération d’infiltration de notre territoire a été menée depuis la Libye et selon nos renseignements, les personnes qui ont mené cette attaque répondent à Erdimi. Dans ce pays par ailleurs, notamment dans les régions et Misrata et Tripoli, le Qatar compte de solides alliés et dispose d’une réelle assise.
Il y a quelques jours, le président Idriss Déby Itno a reçu des représentants tribaux libyens. Cela fait partie d’un processus en vue d’assurer la sécurité du Tchad ?
Non, il s’agit de montrer que le Tchad est un acteur qui compte dans la recherche d’une paix, qui lui sera profitable bien sûr, mais également à tous. Nous sommes prêts à parler avec ceux qui œuvrent à la paix et nous pensons avoir un rôle à jouer, car nous connaissons très bien la Libye. Les chefs tribaux sont à l’aise avec nous, sûrement plus qu’avec des partenaires plus éloignés culturellement. Cette réunion a été un premier pas. Nous avons pu écouter des idées, des doléances, identifier des personnes… C’est un début.
Votre geste de rappeler votre ambassadeur à Doha et de fermer l’ambassade du Qatar au Tchad n’est-il pas lié à la brouille entre ce pays, d’un côté, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis de l’autre ?
Je l’ai dit et je le répète : notre décision concerne nos relations bilatérales avec le Qatar. Cette décision ne s’inscrit pas dans la crise diplomatique qui frappe le Golfe. J’ai d’ailleurs pu le préciser à l’ambassadeur du Qatar lorsque je lui ai signifié notre décision. Nous n’avons pas d’autre exigence que cesse les efforts de déstabilisation contre notre pays. Nous n’avons jamais demandé par le passé que Erdimi, condamné par contumace, soit extradé. Mais là, nous devons dire stop. Il faut que le Qatar cesse de soutenir Erdimi dont mouvement cherche à déstabiliser le pays. Les Qataris savent maintenant ce que nous attendons, ce que nous demandons et ce qu’ils doivent faire pour revenir à de meilleurs sentiments.
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