Élections en Angola : la victoire du MPLA confirmée malgré les accusations de fraude lancées par l’opposition
Les deux grands partis d’opposition refusent de reconnaître la victoire du MPLA aux élections générales mercredi dernier, malgré la validation unanime vendredi des observateurs internationaux.
Le MPLA, qui dirige le pays depuis son indépendance en 1975, a recueilli 61,1 % des suffrages aux élections générales de mercredi, selon les chiffres quasiment complets publiés vendredi par la Commission nationale électorale (CNE). Quant aux deux principaux adversaires du régime, l’Unita et la Casa-CE, ils ont respectivement réuni 26,7 % et 9,4 % des suffrages au terme du dépouillement de 97 % des bureaux de vote.
Le MPLA est donc assuré de conserver sa majorité absolue des 220 sièges de députés. Ce qui lui permettra de nommer l’ex-ministre de la défense Joao Lourenço, 63 ans, président de la République d’ici quelques semaines. Il succédera au président José Eduardo dos Santos qui, âgé de presque 75 ans et usé par la maladie, a décidé de se retirer après trente-huit ans de règne sans partage à la tête de l’Angola.
« Un climat de tolérance et de paix »
Les observateurs internationaux se sont déclarés vendredi satisfaits du déroulement du scrutin. « Le processus électoral s’est déroulé dans un climat de tolérance et de paix », s’est félicité la mission de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Un satisfecit auquel s’est également joint le chef de la mission dépêchée par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), Augustine Mahiga : « Les élections générales (…) se sont à l’évidence tenues dans un climat libre, honnête et paisible ».
Le ministre tanzanien des Affaires étrangères a toutefois recommandé des mesures pour « s’assurer que les ressources de l’État et les médias publics ne soient pas utilisées au bénéfice d’un seul parti ». Une allusion directe aux moyens sans limite utilisés par le MPLA pendant sa campagne.
Une élection « frauduleuse »
Sitôt publiés, les premiers résultats ont pourtant été contestés par les adversaires du régime, qui n’ont pas annoncé de recours en justice dans l’immédiat. Un représentant de la Casa-CE à la CNE, Miguel Michel, a affirmé n’avoir « jamais eu connaissance » des résultats annoncés. Un de ses collègues de l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), Claudio Silva, a lui aussi jugé la publication des résultats « contraire à la loi ».
Le directeur du site d’information proche de l’opposition Maka Angola, Rafael Marques, qui dénonce depuis des mois les conditions d’organisation, à ses yeux frauduleuses, du scrutin, a même accusé le régime d’avoir « inventé » les résultats.
« L’arrogance » de l’opposition
Pour les adversaires du régime, de nombreux électeurs, notamment dans les bastions de l’opposition, ont sciemment été inscrits dans des bureaux très éloignés de leur domicile. Autre pierre d’achoppement : l’impossibilité pour l’opposition d’accéder aux grands médias publics.
Des arguments balayés d’un revers de manche par le porte-parle du MPLA, Joao Martins : « Chaque parti politique peut compiler les résultats et facilement les présenter en cas de contentieux électoral, plutôt que de se plaindre en conférence de presse en faisant preuve d’arrogance et en menaçant les institutions ».
« Victoire du MPLA », s’est réjoui sobrement vendredi en Une le quotidien d’État Jornal de Angola. « En obtenant la majorité absolue à un moment très défavorable, le MPLA montre qu’il conserve la sympathie et l’adhésion solides des électeurs quelle que soit la conjoncture économique », s’est réjoui son directeur, José Ribeiro, dans un éditorial.
Les défis du futur président
Le futur président Joao Lourenço devra en priorité s’atteler à résoudre la crise économique, qui a mené l’Angola au bord de l’asphyxie financière. Explosion de la dette, inflation galopante, monnaie en chute libre, chômage au plus haut… Tous les indicateurs sont au rouge depuis la chute, il y a trois ans, des cours du pétrole dont les revenus représentent 70 % des recettes de l’État.
Lors de la campagne, Joao Lourenço a promis un « miracle économique » et de lutter contre la corruption. Mais pourra-t-il tenir parole ? Beaucoup doutent en effet de sa capacité à s’attaquer aux intérêts du clan dos Santos, qui a fait main basse sur des pans entiers de l’économie. La richissime fille de Dos Santos, Isabel, a des intérêts dans la banque, les télécoms et dirige la compagnie pétrolière nationale en crise.
Surtout, son père, le « camarade numéro 1 », ainsi qu’il est désigné au MPLA, doit rester président du parti jusqu’en 2022, si sa santé le permet.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali : ce que l’on sait de la disparition de Daouda Konaté
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la compagne de Tidjane Thiam sort de l’ombre
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la stratégie anti-fake news d’Alassane Ouattara