Gaza : les frappes israéliennes continuent, les Palestiniens examinent un projet de trêve

L’armée israélienne a de nouveau procédé à des dizaines de frappes dimanche dans la bande de Gaza où se profilait l’éventualité d’un cessez-le-feu, examiné par les Palestiniens mais suspendu à une décision israélienne.

Une frappe israélienne sur le territoire palestinien de la bande de Gaza, le 10 aout 2014. © AFP

Une frappe israélienne sur le territoire palestinien de la bande de Gaza, le 10 aout 2014. © AFP

Publié le 10 août 2014 Lecture : 4 minutes.

Les délégués palestiniens présents au Caire depuis plus d’une semaine pour tenter de sceller une trêve avec les Israéliens par l’entremise des Egyptiens examinaient dimanche après-midi une proposition égyptienne de trêve de 72 heures "qui permettrait de poursuivre les négociations", a indiqué à l’AFP à Gaza un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.

La décision palestinienne dépend cependant du "sérieux de la position israélienne", a-t-il dit.

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Dans l’autre camp, un officiel s’est contenté de dire sous couvert de l’anonymat qu’Israël discutait des derniers développements. Il n’a pas exclu un possible retour de la délégation israélienne au Caire, dimanche soir ou lundi.Les délégués israéliens ont été rappelés du Caire vendredi après l’expiration d’un cessez-le-feu de 72 heures et l’échec de discussions indirectes avec les Palestiniens pour le prolonger. Israël a accusé le Hamas d’avoir rompu la trêve en reprenant ses tirs de roquettes.

150 raids israéliens depuis vendredi

Le Premier ministre israélien a réaffirmé dimanche sa fermeté et son refus de négocier "sous les tirs" de roquettes, sans qu’il soit possible de discerner la part de rhétorique dans ses propos.

Le Hamas, lui, accuse Israël d’être responsable de la reprise des combats par son refus de toute concession aux Palestiniens. "Les chances de succès des négociations sont faibles", a déclaré Ezzat al-Rishq, un haut responsable du Hamas, avant la confirmation d’une nouvelle proposition égyptienne.

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Les hostilités qui ont fait près de 2.000 morts depuis leur début le 8 juillet (des civils dans la très grande majorité) ont repris vendredi, sans jusqu’à présent atteindre l’intensité des jours précédents, lorsque les victimes se comptaient par dizaines. Elles se sont poursuivies dimanche.

L’armée israélienne a pris pour cibles 29 objectifs dans le territoire déjà dévasté, en représailles aux tirs de roquettes, a-t-elle indiqué. Ce sont plus de 150 raids qui ont ainsi été menés depuis vendredi a-t-elle dit.

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Un adolescent palestinien de 17 ans a été tué par l’une de ces frappes à Deir al-Balah, dans le centre du territoire, ont indiqué les secours locaux. L’armée israélienne a dit avoir supprimé là un "agent terroriste connu".

Un groupe de jeunes scandant "Dieu est le plus grand" a accompagné le corps du jeune homme, ceint dans un linge ensanglanté et un drapeau jaune, à sa tombe creusée à côté de plusieurs trous semblant avoir été préparés dans l’attente de nouveaux cadavres.

Netanyahu réclame la ‘patience’ des Israéliens

Sa mort porte à quinze le nombre de Palestiniens tués depuis vendredi. Au total, 110 roquettes ont été tirées de la bande de Gaza depuis lors, dont 80 ont atteint le territoire israélien (8 dimanche), a dénombré l’armée israélienne.

"Israël ne négocie pas sous les tirs", a dit le Premier ministre lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement. "Bordure protectrice", l’offensive israélienne, se poursuivra "jusqu’à ce que son objectif soit atteint: ramener le calme (en Israël) pour une longue période", a-t-il dit. "A aucun moment, nous n’avons dit qu’elle était terminée", a-t-il insisté en réclamant de la "patience" de la part des Israéliens.

Fort de l’ultra-majoritaire soutien de son opinion à la guerre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait assaut d’intransigeance dans ses déclarations publiques, refusant de paraître lâcher quelque chose au Hamas. Il s’est en même temps déclaré prêt à voir l’Autorité palestinienne, plus modérée, jouer un rôle.

Le conseil des ministres de dimanche a été précédé de déclarations belliqueuses des faucons du gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman est allé jusqu’à plaider le retour des forces terrestres israéliennes à l’intérieur de Gaza, d’où elles s’étaient entièrement retirées mardi. Elles y "nettoieraient le terrain".

Le Hamas, lui, doit convertir la résistance à l’armée israélienne en gains politiques auprès de Gazaouis accablés par les morts et les destructions. "Nous sommes fatigués. Nous voulons pouvoir rentrer chez nous, mais nous voulons obtenir quelque chose en compensation des souffrances que nous avons endurées", explique dans la bande de Gaza Samar Mohammad, 27 ans.

Pour Abdallah, 21 ans, l’histoire est finie. Il avait fui la Syrie pour trouver refuge sur la terre que ses parents avaient quitté en 1967, et a été emporté par une bombe israélienne. "Son destin était de mourir ici" soupire son père Hamed Abou Chabad. Le Hamas accuse Israël de refuser d’accéder à ses exigences fondamentales, comme la levée du blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza.

"Nous ne mènerons pas longtemps des discussions sans des négociations sérieuses. Les prochaines 24 heures vont déterminer le sort des discussions", avait averti dans la nuit un porte-parole du Hamas, Moussa Abou Marzouk.

L’opération "Bordure protectrice", déclenchée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes et détruire le réseau de tunnels servant à des incursions sur son territoire, a tué 1.916 Palestiniens, selon les secours locaux.

Selon l’Unicef, au moins 447 des victimes étaient des enfants ou des adolescents. La guerre a mis au tapis une économie déjà à genoux et la hausse des prix qui s’en suit inquiète la population.

Elle a aussi eu des répercussions en Cisjordanie occupée, théâtre de manifestations et de heurts avec l’armée israélienne qui se sont soldés par une quinzaine de morts palestiniens. Un enfant palestinien de 11 ans a été tué par l’armée israélienne dimanche dans le camp de réfugiés d’al-Fawar, près d’Hébron, dans des circonstances encore obscures.

Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont péri depuis le 8 juillet.
 

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