Soudan du Sud : pas de gouvernement d’unité nationale
Les factions en guerre au Soudan du Sud ne sont pas parvenues à former un gouvernement d’unité nationale à l’expiration dimanche de l’échéance fixée, un nouvel échec des efforts de paix malgré la menace de sanctions à l’ONU et un risque de famine après huit mois de conflit dévastateur.
Les camps du président Salva Kiir et de son rival, l’ex vice-président Riek Machar, avaient conclu le 9 mai dernier sous la pression internationale un accord prévoyant un partage du pouvoir dans les soixante jours, c’est à dire au 10 août.
Le conflit marqué par des massacres et atrocités sur des bases ethniques a fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, depuis la mi-décembre 2013 et chassé de chez elles plus de 1,5 million de personnes.
"Aujourd’hui, la population sud-soudanaise attendait un règlement politique se traduisant par un gouvernement de transition pour la sortir du conflit", a déclaré le directeur pour le Soudan du Sud de l’ONG Oxfam, Tariq Riebl, dans un communiqué publié dimanche.
"Au lieu de cela, les dirigeants du Soudan du Sud n’ont pas réussi à surmonter leurs divergences et les combats continuent à ravager le pays alors que la famine menace", a-t-il ajouté.
Vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU avait évoqué l’imposition de "sanctions ciblées" contre les parties au conflit si elles n’appliquaient pas "de toute urgence" l’accord de règlement du 9 mai.
Dans une déclaration de ses quinze membres, le Conseil pressait en particulier MM. Kiir et Machar "d’honorer l’engagement qu’ils ont pris de créer, le 10 août 2014 au plus tard, un gouvernement provisoire d’unité nationale".
Le Conseil dénonçait aussi "l’insécurité alimentaire catastrophique qui règne au Soudan du Sud et qui risque de se traduire bientôt par une véritable famine" dans le plus jeune Etat du monde, formé il y a tout juste trois ans après une longue guerre d’indépendance contre Khartoum.
Il demandait d’augmenter les contributions financières aux opérations d’aide tout en condamnant "les attaques contre le personnel et les installations des organisations humanitaires".
Cette semaine six travailleurs humanitaires ont été tués dans l’Etat du Haut-Nil, conduisant mercredi à l’évacuation de quelque 200 employés étrangers de l’ONU et d’ONG.
Dimanche, le calme était revenu dans la zone mais restait précaire, a déclaré le responsable humanitaire de l’ONU au Soudan du Sud Toby Lanzer.
Enfants-soldats
M. Riebl, d’Oxfam, a ajouté dans son communiqué que le conflit avait produit une "catastrophe dont la responsabilité incombait aux hommes". "L’impact du conflit — et la totale incapacité des deux parties à y apporter une fin – sont catastrophiques", a-t-il dit.
Une délégation du Conseil de sécurité doit se rendre la semaine prochaine au Soudan du Sud pour y rencontrer notamment MM. Kiir et Machar. Des négociations ont été lancées en janvier entre les deux camps mais elles ont été interrompues à plusieurs reprises sans véritable résultat sur le terrain.
Elles avaient repris lundi à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, mais les deux parties ne se sont ensuite plus rencontrées de la semaine. Samedi, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a néanmoins assuré que les pourparlers allaient se poursuivre en vue d’un cessez-le-feu (après trois échecs) et de la formation d’un gouvernement provisoire d’unité nationale.
La déclaration de l’ONU ne désigne pas les personnes ou entités qui seraient visées par d’éventuelles sanctions, ni la nature de ces dernières, généralement un embargo sur les armes, un gel d’avoirs et une interdiction de voyager.
Mais l’ONG Human Rights Watch a publié vendredi un rapport où elle recommande un embargo total sur les armes et des sanctions pour les responsables de violations graves du droit international.
Le même jour, des experts de l’Union africaine ont souligné que des milliers d’enfants avaient été délibérément pris pour cibles et tués ou enlevés pour devenir des combattants dans le conflit sud-soudanais.
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