Irak : nouvelles frappes américaines sur les jihadistes, Fabius appelle à l’unité

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé dimanche les Irakiens à former un gouvernement d’union pour mener la bataille contre le terrorisme, lors d’une visite à Bagdad.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 28 juillet 2014. © AFP

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 28 juillet 2014. © AFP

Publié le 10 août 2014 Lecture : 4 minutes.

"Il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme", a-t-il déclaré après une brève rencontre avec le ministre irakien des Affaires étrangères par intérim, Hussein Chahristani, alors que l’Irak, qui fait face depuis deux mois à une offensive jihadiste, n’a toujours pas de gouvernement.

M. Fabius devait après Bagdad se rendre à Erbil, capital de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l’Irak pour notamment superviser la première livraison d’aide humanitaire française aux populations menacées par l’avancée des jihadistes de l’Etat islamique (EI) dans la région.

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"J’aurai l’occasion de superviser la livraison de plusieurs tonnes de médicaments, de secours d’urgence pour des populations de la région kurde et du nord et de rencontrer aussi des autorités locales et des minorités cruellement pourchassées par l’État islamique", a déclaré le ministre français.

"Comme vous le savez, la France a demandé et obtenu une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies sur ce sujet, j’ai moi-même saisi mes collègues de l’Union européenne pour que tous à la fois condamnent l’Etat islamique et en même temps montrent concrètement leur solidarité vis-a-vis des populations irakiennes", a-t-il ajouté.

Il a d’autre part appelé à un gouvernement d’union, à même selon lui de faire face au danger jihadiste.

"Il était normal diplomatiquement que dans ce voyage vers Erbil je fasse un arrêt même très rapide ici à Bagdad pour rencontrer les autorités, a-t-il expliqué. Je ne veux pas interférer avec le calendrier interne de l’Irak mais je voudrais juste dire cela, qui est de bon sens: dans cette période, l’Irak a particulièrement besoin d’un gouvernement d’unité, de large unité, car il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme."

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Plus de trois mois après les élections législatives du 30 avril, l’Irak n’est toujours pas doté d’un nouveau gouvernement, freiné par les divisions profondes au sein du Parlement.

La coalition chiite du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki est arrivée en tête du scrutin, mais sans majorité claire, et les appels se sont multipliés depuis pour tenter de pousser le Premier ministre, vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser les sunnites, à céder la place.

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Les Etats-Unis, qui se sont retirés d’Irak il y a près de trois ans, ont mené leurs premières frappes vendredi, pour enrayer l’avancée des jihadistes de l’Etat islamique (EI) qui menacent le Kurdistan autonome et des milliers de civils.

Les insurgés sunnites menés par l’EI étaient jusqu’à présent restés à distance du Kurdistan, mais depuis fin juillet les jihadistes ont progressé en direction de la province, occupant des positions à une quarantaine de kilomètres de sa capitale Erbil, sans cependant franchir les frontières de la région autonome

Leur progression a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux membres de la minorité kurdophone des Yazidis, bloqués sur les monts Sinjar sous une chaleur étouffante avec peu d’eau et de nourriture.

Frappes et aides humanitaires

Les forces américaines "ont (mené) avec succès quatre frappes aériennes pour défendre les civils yazidis cibles d’attaques aveugles" près de Sinjar, a indiqué l’armée américaine tard samedi.

Parallèlement, les Etats-Unis ont largué dimanche matin de nouvelles cargaisons de vivres — l’équivalent de 52.000 repas — et des conteneurs d’eau après avoir déjà mené des opérations similaires jeudi et vendredi à destination des "milliers de citoyens" menacés par les jihadistes sur les monts Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne, a annoncé le Pentagone.

La prise par l’EI il y a une semaine de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité non-musulmane, a poussé à la fuite jusqu’à 200.000 civils selon l’ONU. Nombre d’entre eux sont piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes.

Une députée yazidie, Vian Dakhil, devenue le visage de sa communauté après avoir lancé un appel poignant mardi pendant une session parlementaire, a assuré samedi qu’il ne restait plus qu’"un ou deux jours pour aider ces personnes. Après, ils vont commencer à mourir en masse".

Outre les Yazidis, près de 100.000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive, à l’ouest de Mossoul, par les jihadistes, qui se sont emparés de cette deuxième ville d’Irak et de pans entiers du territoire depuis le début de leur offensive fulgurante le 9 juin.

Le président américain Barack Obama s’est dit confiant samedi "dans le fait que nous pourrons empêcher l’Etat islamique d’aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas", même si mettre ensuite ces dizaines de milliers de personnes dans un endroit sûr sera compliqué d’un point de vue logistique.

La Grande-Bretagne a pour sa part commencé à larguer dimanche de l’aide humanitaire, a annoncé un porte-parole du ministère britannique du développement international à l’AFP.

Le premier des deux avions envoyés par l’armée britannique a parachuté de la nourriture et de l’eau à la minorité Yazidi bloquée dans les montagnes de Sinjar, de même source.

 

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