États-Unis : l’ex-ministre guinéen des Mines Mahmoud Thiam condamné à sept ans de prison pour corruption
L’ancien ministre guinéen des Mines Mahmoud Thiam a été condamné vendredi par la justice américaine à sept ans de prison et trois ans de liberté surveillée pour avoir perçu et blanchi 8,5 millions de dollars de pot-de-vins de la part de deux conglomérats chinois, China Sonangol et China International Fund SA (CIF), a annoncé le département de Justice des États-Unis dans un communiqué.
Mahmoud Thiam, 50 ans, qui vient d’être condamné à sept ans de prison aux États-Unis, était accusé d’avoir accepté des dessous de table pour aider les groupes China Sonangol (filiale de Sonangol) et China International Fund SA (CIF) à obtenir des droits d’exploitation exclusifs sur des gisements de fer, d’or, de diamants et de bauxite, puis d’avoir blanchi l’argent reçu aux États-Unis. Il avait été arrêté mardi 13 décembre aux États-Unis et reconnu coupable le 3 mai, après sept jours de procès.
Contacté par Jeune Afrique, le cabinet d’avocats de Aaron M. Goldsmith, qui défend l’ex-ministre, a déclaré que son client allait interjeter appel de la décision établissant sa culpabilité, mais n’avait pas encore déterminé s’il allait contester la sentence prononcée (dans le système judiciaire américain, la culpabilité et la sentence sont établies lors de deux décisions séparées, ndlr). « Nous estimons qu’il n’y a pas de preuves de l’intention de Thiam de recevoir des pots-de-vin » a ajouté un porte-parole du cabinet.
« Mahmoud Thiam a participé a un schéma de corruption à son bénéfice et au détriment du peuple guinéen », a déclaré l’adjoint du procureur général Kenneth A. Blanco. Et d’ajouter : « La sentence d’aujourd’hui envoie un message fort aux individus corrompus comme Thiam ; s’ils tentent d’utiliser le système financier américain pour cacher leur argent sale, ils seront (…) tenus pour responsables et punis ».
Frais de scolarité et produits de luxe
Selon le département de la Justice, les éléments de l’enquête prouvent que Mahmoud Thiam a blanchi les 8,5 millions de dollars versés par les deux conglomérats chinois sur un compte bancaire à Hong Kong. L’ex-ministre a viré 3,9 millions de dollars vers plusieurs comptes bancaires aux États-Unis qui ont servi à l’achat de produits de luxe et à d’autres dépenses. Thiam avait déclaré aux banques que l’argent provenait de la vente d’un terrain effectuée en Guinée avant qu’il ne soit ministre.
« Thiam a utilisé les pots-de-vin chinois pour payer les frais de scolarité de ses enfants dans un établissement privé de Manhattan et pour acheter un domaine de 3,75 millions de dollars dans le comté de Dutchess. » a précisé le procureur par intérim du district sud de New York Joon H. Kim.
Avantages et droits dans le secteur minier
Les preuves montrent, toujours selon le département de la Justice, que la corruption a permis aux groupes chinois d’obtenir des droits et avantages dans le secteur minier guinéen, notamment le droit d’être les premiers actionnaires stratégiques, avec la Guinée, d’une société minière nationale qui devait récupérer toutes les participations du pays dans divers projets miniers et dans les futurs permis et concessions.
China Sonangol et CIF, à travers leurs filiales, ont également obtenu des droits exclusifs pour mener des opérations commerciales dans un large éventail de secteurs de l’économie guinéenne.
Ancien banquier d’affaires à Wall Street, passé par Merril Lynch & Co et UBS, Mahmoud Thiam avait dirigé le ministère des mines de 2009 à 2010 sous les régimes successifs de Dadis Camara et de Sékouba Konaté.
Depuis des années, un parfum de corruption flotte au dessus du développement minier guinéen, à mesure que les affaires se succèdent. En 2015, le groupe Rio Tinto avait accusé BSG Resources Ltd, le groupe du milliardaire Beny Steinmetz, d’avoir conspiré avec Vale SA pour lui voler ses droits d’exploitation sur un gisement de minerais de fer. Une plainte rejetée en novembre 2015 par la justice américaine. Plus récemment, l’agence anti-corruption britannique a lancé une enquête contre Rio Tinto concernant des faits présumés de corruption dans le pays.
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